Il y a 25 ans, double meurtre au Cap-de-la-Madeleine

 


2000, 12 janvier – Rosaire Robidoux, 64 ans; et Mercédès Bondu-Robidoux, 65 ans 

Homicide sans discernement commis lors d’un vol – Arme à feu 

Cap-de-la-Madeleine,rue Latreille – 2 SC 

Dominic Noël, prison à vie sans possibilité de libération avant 25 ans. 

Dans la soirée du 12 janvier 2000, Rosaire Robidoux, 64 ans, et sa femme Mercédès Bondu-Robidoux, 65 ans, ont été assassinés dans leur commerce de la rue Latreille, au Cap-de-la-Madeleine1. Leur commerce offrait plusieurs types de marchandises, ainsi que des armes à feu et de l’équipement pour la chasse et la pêche. Ils ont été abattus d’au moins un projectile chacun. 

Lorsque la police a découvert les corps, M. Robidoux « était couché derrière le comptoir de vente des armes à feu. Il présentait une plaie importante au visage. Quant à sa femme, elle se trouvait plus loin dans le commerce, plus précisément dans l’entrepôt, couchée sur le ventre. Elle a été atteinte d’une balle dans la nuque. On présume qu’elle aurait été tuée pendant qu’elle tentait de fuir à l’arrière du commerce. Et comme il n’y avait aucune trace de lutte dans le commerce, il est fort probable que les deux sexagénaires n’aient pas été en mesure de résister. L’arme du crime, fort possiblement un fusil, n’a pas été retrouvée. En fait, les armes qui se trouvaient dans le commerce n’ont pas été utilisées même si certaines n’étaient plus dans le présentoir. L’hypothèse du vol apparaît plausible puisque des billets de banque jonchaient le sol entre le comptoir et la porte de sortie. Or, les policiers n’ont pas été en mesure de dire, hier, ce qui avait été volé précisément. Un inventaire de tous les articles contenus dans le commerce devra d’ailleurs être effectué. On saura aussi si l’arme du crime a été volée dans le commerce ou non. Une chose est certaine : le ou les suspects se sont introduits dans le commerce avant l’heure de la fermeture. Une fois le crime perpétré, ils se sont emparé des clés du véhicule du couple Robidoux et pris la fuite à bord de la Dodge Caravan. Le véhicule a été retrouvé vers 23h mercredi [12 janvier], abandonné dans le stationnement de Place du marché à Trois-Rivières. »2 

Portrait robot publié dans les journaux avant l'arrestation de Dominic Noël


La police de Trois-Rivières a confié l’enquête à la Sûreté du Québec
. Un mois plus tard, le seul et unique suspect a été arrêté à Mascouche. Il s’appelait Dominic Noël. En octobre 2001, à la fin du procès, le jury l’a déclaré coupable de meurtre au premier degré dans le cas de Mercédès Bondu, dont le meurtre a été considéré comme délibéré. D’autre part, le jury l’a reconnu coupable d’homicide involontaire dans le cas de Rosaire Robidoux. En lisant entre les lignes, cela revient à dire que M. Robidoux a été tué le premier et que Noël a ensuite éliminé sa femme parce qu’elle était devenue un témoin gênant. Le tueur, un habitant de Louiseville, a donc été condamné à perpétuité.
 

En septembre 2015, Noël a entrepris des démarches afin de pouvoir sortir de prison avant sa période d’éligibilité de 25 ans. « Il prétendait alors qu’il était réhabilité après 15 ans passés derrière les barreaux. On sait que le Code criminel prévoit qu’après cette période, il peut se prévaloir d’une demande de révision judiciaire à la Cour supérieure afin de réduire le délai préalable à sa libération conditionnelle. La requête avait été contestée par Me Louis-Charles Bal, procureur aux poursuites criminelles et pénales, qui avait notamment demandé certaines précisions après avoir pris connaissance du rapport des autorités correctionnelles. »3 

Finalement, Noël s’est lui-même désisté et sa demande de libération a été annulée. Qu'en sera-t-il en 2025?

Dominic Noël

Loin de moins l'intention de vouloir tomber dans le sentimental, mais ce crime a une connotation particulière. En effet, je connaissais le couple qui a été victime du double meurtre. En réalité, je connaissais davantage M. Robidoux. C'est lui qui me vendait mes cartouches d'encre à ruban depuis quelques années. Eh oui, c'était l'époque de la dactylo électrique à ruban. J'ai encore un souvenir de l'intérieur du magasin, mais je crois que la vente d'arme à feu c'était récent pour eux. Bref, chaque fois que j'y allais, on jasait un peu. J'étais jeune, je n'avais donc rien d'intéressant à dire et pourtant on parlait. Il était super sympathique.

Quand j'ai appris le double meurtre, à la télé, j'ai été étonné. Je trouve toujours triste, 25 ans plus tard, qu'un tueur de sang froid ait fait disparaître deux personnes aussi sympathiques qui travaillaient fort pour s'en sortir. C'est injuste.

À l'époque du drame, j'y allais moins souvent puisque je m'étais procuré la nouveauté de lors pour prendre mes notes et cumulé mes recherches, c'est à dire un ordinateur. Mais il m'arrivais, parfois, de m'inventer une course pour aller les voir.

Mon inquiétude, maintenant, c'est de savoir si Noël sortira de prison cette année. En effet, ça fait 25 ans. Profitant de l'expertise que me fourni mes recherches en lien avec le DHQ, c'est à dire fort de plus 5 000 dossiers concernant plus de 6 400 victimes, je peux me permettre de dire que le double meurtre du 12 janvier 2000 a été particulièrement violent. On le classe d'ailleurs dans la catégorie des homicides sans discernement commis lors d'un vol. Ce type de catégorie est plus rare que les homicides commis lors de vol simple, mais ils impliquent un individu plus dangereux encore qui prends le contrôle des lieux durant un certain moment, que ce délai soit long ou non. Autrement dit, il n'a pas commis son vol à la sauvette, en tuant quelqu'un en raison de sa nervosité. Le coup n'est pas partie tout seul.

Cela pourrait être vrai dans le cas de M. Robidoux, apparemment le premier abattu, mais Noël n'était certainement pas obligé de tuer Mercédès. C'est typique des tueurs de cette catégorie, ils éliminent les témoins gênant et ont tendance parfois à commettre d'autres crimes sur place avant de quitter les lieux.

Noël retrouvera-t-il sa liberté cette année? Je ne sais pas. Je sais qu'en général les programmes de réhabilitation fonctionnent, mais le DHQ nous forcent à nous rappeler que le Québec a aussi connu des désastre en ce sens-là. Et quand je pense au couple Robidoux, qui a perdu son droit de parole à tout jamais, je me dis que ce type de tueur pourrait demeurer en cellule encore quelque temps. Je ne pense pas que cela fasse mal à qui que ce soit.

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