Louis-Georges Dupont : les faits (1948 à 1968)
L.-G. Dupont, à gauche, lors d'une enquête.
Encore une fois, on nous ramène cette vieille histoire de l'affaire Dupont, comme si le déni ou les vieilles théories du complot ne voulaient pas s'éteindre. Pire encore, car toute cette histoire m'oblige à me demander où est passé l'objectivité de certains journalistes.
Mais c'est peut-être moi qui est dans le champ, après tout. En effet, le récent documentaire, appuyé par Radio-Canada, commence avec la mise en garde "documentaire d'opinion". Et c'est exactement ce que c'est. Ce n'est certainement pas un documentaire d'objectivité basé sur les faits. Encore une fois, on donne la parole à des allégations, des affirmations, et que sais-je encore, sans se donner la peine de vérifier. Mais où est donc passé l'importance des sources documentaires, c'est à dire de la preuve?
Quoi qu'il en soit, je vous présente ici un texte basé sur des faits. Ainsi, je l'espère, aurez-vous une image plus juste de Louis-Georges Dupont.
Qui était
réellement Louis-Georges Dupont?
Une revue de
presse couvrant la période qui a précédé sa mort nous permettra de faire
ressortir quelques faits à propos de sa carrière de constable et de détective. Par
le fait même, nous nous intéresserons également à ses collègues.
1948
Avant d’être
policier, Louis-Georges Dupont aurait travaillé comme chauffeur de taxi[1].
Toutefois, sur le bulletin de son mariage avec Jeanne d’Arc Lamy, en date du 20
novembre 1948, son métier est inscrit comme « camionneur ».
Louis-Georges est né le 7 mai 1924 alors que sa femme avait vu le jour le 28
mai 1923. En ce qui la concerne, on indiquait son métier comme
« coiffeuse ». Leur mariage a été célébré par le curé Grégoire
Leblanc.[2]
1950
La mention la
plus ancienne du nom de Louis-Georges Dupont qu’il nous a été donné de retracer
dans les pages du quotidien Le
Nouvelliste remonte au 9 août 1950. En fait, son nom est mentionné au même
titre que plusieurs autres – Léo Valois, Lionel Bourgelas, et Claudette
Gauthier – parce qu’il assistait aux funérailles de Mme Honorat Lamy, née
Édouardina Dupont[3].
Celle-ci venait de mourir à l’âge de 65 ans. Parmi les enfants qu’elle laissait
dans le deuil, on retrouvait évidemment Jeanne d’Arc Lamy, épouse de
Louis-Georges. Parmi les frères de la défunte, on retrouvait un « Wellie
Dupont », l’oncle par alliance de Louis-Georges.[4] Était-ce
le policier Willie Dupont?
Lors de ces
funérailles, Jeanne d’Arc était vraisemblablement enceinte de son premier
enfant. Elle donnerait naissance à son premier fils (Jacques) en décembre 1950.
Est-ce l’arrivée de ce nouveau bébé qui aurait poussé Louis-Georges à vouloir
trouver un métier plus stable et plus payant? Quoi qu’il en soit, c’est à cette
même époque qu’il a fait son entrée dans la police, d’abord comme simple
constable.
1953
Dans Le Nouvelliste du 25 avril 1953, on le retrouve
comme juré dans une enquête de coroner. À première vue, on pourrait penser
qu’il s’agissait d’un homonyme, mais la présence de Roland Poitras et
Elphège Lafrance parmi les autres jurés laisse peu de place au doute.
Cette enquête concernait la mort de Jean-Pierre Gendron, décédé lors d’un
accident survenu le 9 mars sur le boulevard Royal. D’autres personnes avaient été
blessées. « L’enquête a été tenue hier avant-midi à la morgue Rousseau et
Frère sous la présidence du Dr Philippe Bellefeuille, coroner du district de
Trois-Rivières »[5].
Le jury avait rendu un verdict de mort accidentelle.
1954
À l’automne 1954,
le magasin de Henri Bourgeois, marchand de papier de la rue Ste-Antoine, a été
la cible de voleurs qui « ont fracassé une vitre de la porte d’avant pour
pousser le verrou et pénétrer à l’intérieur »[6].
Ceux-ci auraient se seraient emparés d’une somme estimée à 6.00$. Au moment où
l’article paraissait dans le journal, les voleurs n’avaient toujours pas été
identifiés. Cependant, on y apprend que « Les constatations ont été faites
par les constables Elphège Lafrance et Louis-Georges Dupont »[7].
De plus, on
laissait entendre que les mêmes voleurs avaient essayé de pénétrer dans
l’établissement du Trans-Canada Shoe, où ils n’avaient toutefois pu s’infiltrer.
« Le magasin de M. Bourgeois, de son côté, a été visité par les voleurs en
janvier 1953 et en 1952. À chaque fois, ils n’ont pas eu plus de chance puisque
le propriétaire n’y conserve pratiquement pas d’argent »[8].
1957
Dans Le Nouvelliste du 2 août 1957, on retrace
une photo montrant Louis-Georges Dupont en compagnie de quelques-uns de ses
collègues dont les noms nous sont maintenant familiers. Parmi ceux que nous
connaissons le plus, notons Paul Dallaire, Fernand Thibeault, Roland Poitras et
Fernand Gendron. Cette photo a été publiée dans le cadre de la réélection de
Damien Houde à la présidence de l’Association des policiers et pompiers de la
Cité des Trois-Rivières Inc. Le texte qui l’accompagne souligne que Dupont
était assistant-trésorier de l’Association.
Figure 1. Première rangée: Paul Dallaire,
Louis-Georges Dupont, Fernand Thibeault, et Roland Poitras. Derrière: Paul
Landry, Damien Houde et Fernand Gendron. (Le Nouvelliste, 2 août 1957)
Le 2 novembre de
la même année, Le Nouvelliste
partageait avec ses lecteurs quelques textes intéressants à propos de
l’histoire policière et criminelle de Trois-Rivières. Ce fut l’occasion, par
exemple, de mettre en valeur un détective comme Elmo Beaubien, qui fut un
pionnier en matière d’infiltration auprès du crime organisé. Beaubien, dont la
carrière avait débuté le 4 janvier 1932 avant d’être engagé à la Police
provinciale le 11 octobre 1940, « connaissait parfaitement le milieu de la
pègre trifluvienne, ce limier est une richesse pour notre Sûreté municipale. Le
détective Beaubien au cours de ses 17 ans d’enquêtes a su se rendre utile, ce
qui n’est pas peu dire. Il s’est spécialisé dans les éclaircissements de vols
de tout genre. Il a réussi à diverses reprises des coups de filet qui ont eu
fort de retentissement. Le détective Beaubien est un besogneux. Infiniment
patient, il ne croit jamais impossible de ne pas arriver à une solution, même
dans des enquêtes fort difficiles. Par son travail, manquant la plupart du
temps d’un éclat sensationnel, ce limier s’est attiré la considération de ses
concitoyens par sa conscience professionnelle. Et cette admiration pour sa
besogne est toujours vive »[9].
Dans les
archives, on croise d’ailleurs son nom à quelques reprises. Par exemple, il
apparaît comme témoin dans des procès expéditifs, comme celui de Fernand
Labrecque en 1947, qui avait été accusé d’avoir volé un corbillard d’une valeur
de 6 000$. Les avocats au dossier étaient Lucien Comeau et Léon Méthot.[10] Son
travail de détective l’a aussi amené à être impliqué dans la cause de Paul
Bouchard[11],
accusé de vol en 1948.
Dans ce texte à
saveur historique, on apprenait également que la police de Trois-Rivières avait
été créée lors du conseil de ville tenu le 26 octobre 1857. Le nouveau corps
policier avait alors été confié au connétable François Dasylva. Parmi les tous
premiers constables à assurer la sécurité de la ville on comptait Ovide
Rocheleau, Édouard Ayotte, Joseph Hill, Charles Féron et Onésime Dupont. Selon
cette source, la ville comptait 55 000 habitants en 1957 alors qu’avant le
grand incendie de 1908 ce chiffre était de 9 155.[12]
1958
Le 28 février
1958, on lisait dans Le Nouvelliste :
« Un répugnant personnage de Bécancour, âgé de 39 ans, est présentement
détenu à la prison commune des Trois-Rivières en rapport avec une accusation de
détournement de mineure. […] L’arrestation de l’individu en question a été
faite par le constable Paul Dallaire à la terrasse Turcotte, vers huit heures
jeudi matin, après qu’il eut été alerté par les cris de la fillette que l’homme
était en train de molester. Celle-ci, âgée de 8 ans, se rendait à la classe par
la rue des Ursulines lorsqu’il l’agrippa pour l’entraîner dans les marches de
la Terrasse, où il se livra sur l’enfant à des touchers indécents. La chance a
voulu que le constable Dallaire arrive à temps pour empêcher le triste individu
de se livrer à d’autres actes plus malheureux »[13].
Trois mois
plus tard, « les limiers de la Sûreté municipale des Trois-Rivières ont
finalement mis la main au collet d’un chauffard qu’on soupçonne de s’être rendu
coupable d’un « hit and run » vers 8h15 du soir, le 10 mai dernier.
L’automobiliste en question, un citoyen de Shawinigan demeurant au
Cap-de-la-Madeleine et travaillant à Trois-Rivières aurait négligé d’arrêter
après avoir accroché la voiture de M. Marcel Charrette de Louiseville, sur le
pont Duplessis. C’est le détective Louis-Georges Dupont qui a eu charge de
l’enquête dans cette affaire. Jeudi, M. l’inspecteur Fernand De Miffonis nous a
dit que l’individu appréhendé comparaîtrait en Cour municipale, ces jours-ci,
sous une inculpation de conduite dangereuse »[14].
Au cœur de
l’été 1958, Dallaire et son collègue Atale St-Onge sont intervenus dans une
affaire impliquant la mort tragique en pleine rue d’une femme de 57 ans
répondant au nom d’Yvonne Bédard. Le drame est survenu au coin des rues Hart et
Radisson. Il semble que Dallaire et St-Onge avaient l’habitude de travailler
ensemble puisqu’on les retrouvait encore ensemble en décembre, cette fois dans
une situation impliquant un jeune fugitif de 20 ans qui avait récemment comparu
à la Cour du Bien-Être social. Le jeune fut pris en chasse à partir de la
taverne Armour de la rue Laviolette par les policiers Jean Chaîné et M. Asselin
du poste no. 2 et qui « se sont lancés à sa poursuite, mais le jeune homme
sauta la clôture et se sauva sur la voie ferrée. Recevant un appel par radio,
les agents Paul Dallaire et A. St-Onge, du poste numéro 1 ont arrêté le garçon
peu après qui avait perdu ses claques dans la neige. Son identification fut
facile car les souliers troués de l’individu avaient laissé des empreintes dans
ses caoutchoucs. »[15]
Cet été-là,
Dupont a aussi fait la manchette lorsque « Des voleurs se seraient
introduits dans le restaurant Jacques, du Parc Lemire, et y auraient dérobé du
bonbon et autres marchandises pour une valeur non encore déterminée. On a
remarqué que l’un des panneaux barricadant les fenêtres avait été arraché.
C’est par là que les intrus aurait opéré. Par ailleurs, on n’est pas encore
fixé sur ce qui aurait pu être emporté par les voleurs à l’établissement de M.
Marchand, un vendeur d’articles de jardin dont le magasin est situé au coin de
St-Roch et Royale. On a rapporté à la police que la porte arrière avait été
défoncée durant la nuit. Dans ces deux affaires, ce sont les détectives Elmo
Beaubien et Louis-Georges Dupont qui ont été chargés de faire enquête »[16].
1959
En janvier 1959,
la police de Trois-Rivières a résolu une vague de vols en procédant aux
arrestations de deux individus L’aventure débuta le 22 janvier dans la
résidence de Louis-Théo Larose, au 438 rue Radisson. Ce dernier avait entendu
du bruit et surpris deux hommes en train de prendre la fuite. Deux constables
qui se trouvaient à proximité, Roger Giasson et Edmond Charest, ont entendu ce
qui se passait et ils ont aussitôt donné la chasse aux deux individus.
« Après quelques minutes de course à travers rues, ruelles et fonds de
cour, le constable Roger Giasson parvenait à arrêter le premier homme, le
retenant jusqu’à ce qu’il obtienne de l’aide. Pendant ce temps, le constable
Edmond Charest mettait la main au collet du second malfaiteur. […] Tôt, hier matin,
le détective Ls-Georges Dupont aidé du détective Jean-Marie Hubert commença
l’interrogatoire des prévenus pour finalement leur faire avouer une douzaine de
vols par effraction et des tentatives de vol par effraction. On présume
également qu’un certain nombre d’autres vols leur sont attribuables. […] M.
Jean-Marie Brunet, directeur de la police de notre ville, s’est dit très
satisfait du travail de la police et des détectives. M. Brunet a loué le
travail des constables qui par leur rapide réaction ont réussi à capturer les
deux malfaiteurs pour les remettre entre les mains des détectives Dupont et
Hubert qui ont fait de l’excellent travail pour finalement amasser suffisamment
de preuves et obtenir les aveux des coupables. Il est à noter que depuis un
certain temps les détectives de notre ville voient leur travail couronné de
succès. Les causes non-solutionnées se font de plus en plus rares. Il est aussi
à noter cette magnifique coopération qui existe entre la force constabulaire et
les détectives »[17].
Le mois suivant,
cinq commerces, dont trois stations-services, incluant celle évoluant sous la
bannière Champlain Oil, propriété de Roger Doyon située au 1040 de La Terrière,
furent victimes d’une autre vague de vol. « […] à chaque endroit les
voleurs ont pénétré dans l’établissement de la même manière, en brisant une
vitre »[18].
Les sommes dérobées auraient été minimes mais le vandalisme laissa des dommages
considérables. « S’il s’agit de la même bande dans les cinq cas ce sera la
première fois qu’un même groupe aura été aussi actif en une seule nuit.
Malheureusement pour les voleurs tant d’efforts n’ont jamais été aussi peu
profitables. Les détectives Elmo Beaubien et Louis-Georges Dupont de la Sûreté
municipale ont été chargés de mener l’enquête »[19].
En juillet, des
voleurs se sont « introduits subrepticement dans l’édifice de la Northern
Electric, sur la rue Notre-Dame, dans la nuit de jeudi à vendredi, ils ont
emporté le coffre-fort. Les voleurs auraient approché un véhicule près de
l’entrée centrale. Ils se présentèrent à la porte dont ils cassèrent la serrure
de sûreté. Une fois dans la pièce, ils s’emparèrent du coffre-fort qu’ils
transportèrent à bras d’homme jusqu’au véhicule. […] Le vol a été découvert par
les agents de la police locale qui faisaient leur ronde de nuit. Il était
environ 12h40. Ils alertèrent aussitôt la Sûreté municipale qui dirigea sur les
lieux les détectives Louis-Georges Dupont et Jean-Marie Hubert. Ils dirigent
présentement une enquête serrée afin de découvrir les auteurs de ce forfait. »[20]
Selon cet article,
Dupont aurait été appelé très tôt dans sa carrière de détective à travailler de
nuit ou du moins selon un horaire qui, évidemment, dépendait du crime.
Le mois suivant,
l’action se poursuivit lorsque « trois individus ont été arrêtés après une
chasse à l’homme mouvementée, ponctuée de coups de feu sur la rue Calonne et
les champs environnants dans la nuit de lundi à mardi. Un quatrième individu a
réussi à échapper aux poursuites des policiers. La chasse a débuté lorsque les
agents Paul Dallaire et Germain Côté, effectuant leur ronde en arrière du parc
de l’Exposition, aperçurent des types qui fouillaient dans un camion stationné
en bordure de la rue. À leur allure, les agents constatèrent que le camion en
question n’était pas leur propriété. Ils sommèrent donc les individus de se
rendre. Mais ceux-ci se gardèrent bien de répondre et prirent le bord des
champs. Les policiers tentèrent alors de les rappeler à l’ordre mais comme les
fuyards n’en faisaient rien, les membres de la force constabulaire tirèrent
trois coups de feu dans les airs. »[21]
L’un des suspects s’est rendu tout de suite, alors que les deux autres furent
attrapés peu de temps après. Des pièces d’auto volées furent trouvées dans leur
véhicule. « Les détectives Elmo Beaubien et Louis-Georges Dupont
continuent leur enquête dans cette affaire. Ils seraient en possession de
l’identité du quatrième individu et son arrestation ne tarderait pas. »[22]
Sur la même page
du quotidien, on constate que, pendant ce temps, Jean-Marie Hubert était occupé
dans une enquête de fraude : un jeune homme avait tenté de remodelé des
pièces de 1¢ pour les utiliser comme des 10¢ afin d’obtenir à rabais de la
boisson gazeuse.[23]
À la fin de
septembre 1959, Dupont s’est vu confier l’enquête sur la mort de Roger Croteau,
32 ans, écrasé sous les roues d’un camion dans la cour de l’International Paper
(CIP). « Le camion était conduit par M. Raymond Veillette, 121 rue
Loranger, au Cap-de-la-Madeleine. »[24]
Dupont s’est rendu sur les lieux avec le coroner, Me Ludovic Laperrière.
Le 9 novembre
1959, un tout petit article a immortalisé le fait que « La police locale a
appréhendé le conducteur d’une voiture qui avait causé un accident de
circulation dans la nuit de vendredi à samedi sur la rue Lavérendrye. Ce
dernier s’était sauvé après l’accident impliquant quatre voitures. Le détective
Louis-Georges Dupont avait fait enquête pour en venir à l’arrestation de
l’homme. Les dommages totalisaient $800. »[25]
Dans la même
parution, on apprend Dupont enquêtait également sur un vol d’une centaine de
dollars commis à la Compagnie Provincial Gas située au 1125 de la rue
Père-Daniel.[26]
Le 5 décembre
1959, c’est la maison Légaré qui fut victime d’un « homme-mouche »
qui aurait pénétré par le toit. Le coffre-fort ne contenait apparemment que peu
d’argent. « La Sûreté a pris charge de l’affaire. Les détectives Elmo
Beaubien et Louis-Georges Dupont mènent l’enquête. Des pistes découvertes dans
la neige du toit étaient trop imprécises pour apporter à l’enquête quoique
[sic] ce soit de tangible. On poursuit dans cette affaire. »[27]
À quelques jours
de Noël, un bandit masqué s’est présenté à la Caisse populaire Saint-Sacrement,
sur la rue Wolfe, pour repartir avec une cassette contenant une somme évaluée à
plus de 2 000$. Armé d’une carabine de calibre .22, il aurait menacé deux
clients (Victor Dallaire et Louise Pothier) et le gérant, François Nadeau.
Lorsque ce dernier s’est dirigé vers la sonnerie dans le but de déclencher
l’alarme, le braqueur a tiré un coup de feu en sa direction sans toutefois
l’atteindre. « La balle se logea dans le bureau personnel du gérant après
avoir fracassé une vitre. »[28]
Les dépositions des témoins furent ensuite enregistrées par les détectives Elmo
Beaubien et Louis-Georges Dupont « qui se sont dirigés immédiatement sur
les lieux pour ouvrir l’enquête. »[29]
1960
La nouvelle
décennie ne semble pas avoir apporté beaucoup de répit pour les détectives
trifluviens. Dès janvier, « Une quatrième école a été visitée par les
voleurs au cours de la nuit de lundi. Le restaurant de l’Institut de
Technologie, rue St-François, a été défoncé et une somme évaluée à $150 a été
dérobée. […] Les voleurs ont pénétré dans l’édifice en brisant une fenêtre. Ils
ont de plus visité l’école et un pupitre a été forcé »[30].
Cette enquête a été confiée aux détectives Elmo Beaubien et Louis-Georges
Dupont.
C’est une
enquête concernant un autre vol qui aurait conduit aux arrestations de suspects
en lien avec le braquage commis avant la période des Fêtes. « Deux jeunes
gens dans la vingtaine, des récidivistes, précédemment appréhendés pour
interrogatoire, ont été définitivement écroués dans les cellules municipales,
hier soir. Ils comparaîtront ce matin en Cour des Sessions de la Paix, sous une
accusation de vol avec effraction. La police n’a pas voulu dévoiler leur
identité. L’inspecteur-en-chef Fernand de Miffonis a révélé que le butin volé a
été intégralement retrouvé par les limiers Louis-Georges Dupont et Jean-Marie
Hubert. C’est ce qui a permis cet autre coup de filet sensationnel. »[31]
Le 26 février
1960, le procès de Jean-Guy Labranche s’est terminé « par l’audition des
témoins Noël Alarie, Louis-Georges Dupont et Jean-Guy Richard. S. H. le juge
Léon Girard rendra son jugement dans cette affaire le 3 mars. M. Noël Alarie a
témoigné devant la cour que les bijoux présentés comme exhibit lui avaient été
remis par Fernand Richard en échange d’une automobile. Le détective
Louis-Georges Dupont vient ensuite déclarer à la cour que les bijoux présentés
comme exhibits p-2 lui avaient été remis par M. Noël Alarie et les autres
présentés comme exhibits p-3 et p-4 venaient de M. Bernard Ricard. »[32]
C’est Me Guy Lebrun qui agissait comme avocat de la défense alors que le
procureur de la Couronne était Me Ludovic Laperrière.
Wellie Dupont
s’est éteint 4 mars 1960 à l’âge de 73 ans. Il habitait au 612 St-Roch à
Trois-Rivières. On pouvait aussi lire dans la notice nécrologique que
« les funérailles auront lieu lundi le 7 courant. Le convoi funèbre
partira du Salon Funéraire Rousseau & Frère 465 Des Volontaires (T.-R.) à
9h15 pour se rendre à l’église paroissiale de St-Philippe (3-R) où le service
funèbre sera chanté à 9h30 et de là au cimetière St-Michel (3-r) lieu de la
sépulture. »[33]
Au matin du
17 juin 1960, le corps d’une femme fut découvert dans la chambre no. 346 du
Château de Blois, un célèbre hôtel de Trois-Rivières. La victime était
Marguerite Vallée, 39 ans. C’est à la suite d’un appel logé auprès de la police
du Cap-de-la-Madeleine que le corps aurait été découvert. La victime gisait
sous le lit. « Les autorités policières de la ville-sœur demandaient de
vérifier les déclarations d’un individu qui s’était présenté quelques minutes
plus tôt au Monastère des Pères Oblats où il déclarait qu’il venait de
commettre un meurtre au Château de Blois. On manda le Dr René Paquin qui
constata la mort, laquelle remontait à sept heures environ. L’inspecteur-chef
Fernand de Miffonis constata les faits et remit l’enquête au sergent Nick Anderson
et à l’agent judiciaire Aimé Daigle de la Sûreté provinciale à
Trois-Rivières. »[34]
Voilà qui
indique qu’il était de coutume, déjà en 1960, de reléguer les enquêtes de
meurtre à la Sûreté provinciale, qui deviendra quelques années plus tard la
Sûreté du Québec. Une revue de presse aurait-elle pu permettre à la Commission
Lacerte-Lamontagne de faire revivre ces faits et que, finalement, les
détectives municipaux de 1969 n’avaient pas contacté la SQ parce qu’ils
n’avaient jamais envisagé la possibilité que la mort de Dupont puisse être un
meurtre?
L’article
spécifiait également que « L’autopsie a été pratiquée vers 1 hre à la
morgue Rousseau et Frère par le Dr Jean-Marie Roussel, médecin légiste
[…]. »[35]
La victime aurait été étranglée. Une chasse à l’homme fut rapidement
déclenchée, au point où « Un détachement de l’escouade des homicides de la
police fouillait, hier et cette nuit, tous les établissements du centre de Montréal
et surveillait les gares et les terminus d’autobus dans le but de retrouver
Jules Huard, 22 ans. »[36]
Toutefois, rien n’indique une implication plus approfondie des détectives
municipaux de Trois-Rivières. Huard fut appréhendé peu de temps après et
traduit en justice.
En juillet, Lucien
Desfossés, un garagiste de St-Michel-des-Forges âgé de 48 ans, « a été
victime tôt dimanche matin d’un assaut sur la personne. Transporté d’urgence à
l’hôpital St-Joseph, il y est décédé vers 9 hres, hier matin. La rixe qui a
causé la mort de M. Desfossés s’est produite vers 1h30 dimanche matin, à
l’angle des rues Royale et St-Georges. Le témoin important de cette affaire est
un certain René Laroche, 19 ans, reconnu dans les milieux de la police comme un
fier à bras. Laroche a donné une version plus ou moins vraisemblable de la
bagarre. Mais selon les témoins nombreux, le seul mobile qui ait pu pousser
Laroche à frapper Desfossés serait qu’il a voulu donner une leçon publique à un
homme en boisson. »[37]
Il ne
s’agissait vraisemblablement pas d’un règlement de compte puisque Laroche
aurait donné un coup de main à un commis qui souhaitait expulser Desfossés d’un
restaurant. C’est ensuite que Laroche « lui administra quelques bonnes
giffles [sic] en lui disant de quitter la place. »[38] Cette
enquête a été confiée à Dupont. L’enquête du coroner s’est ensuite tenue à la
morgue Rousseau et Frère, où Laroche fut reconnu criminellement responsable.
L’audience fut conduite par Me Jules Provencher, coroner intérimaire.[39]
Sur la même page du quotidien, on apprenait que Provencher venait aussi d’être
nommé juge à la Cour municipale de Trois-Rivières.[40]
Il succédait à Jean-Marie Bureau, un avocat dont le nom était indissociable de
causes importantes ayant marquées la région.[41]
Toutefois, si
l’enquête sur le décès de Desfossés a débuté au salon Rousseau & Frère,
l’article de Desaulniers nous apprend que la procédure s’est « poursuivit
à la salle Duvernay où se tiennent les enquêtes de ce genre. »[42]
Pour sa part, Laroche fut accusé d’homicide involontaire mais acquitté à la
suite de son procès tenu en octobre 1960. Parmi les témoins policiers entendus
lors de ce procès, on retrouve Guy Poisson, qui occupait alors la fonction de
photographe pour la police. Puis un incident insolite survint dans le
prétoire : « Me Laperrière en contre-interrogatoire demande au témoin
[Joseph Montembeau] s’il ne témoigne pas grâce à un papier que lui a remis la
police. Le témoin répond dans l’affirmative. Stupeur générale dans la Cour.
« Qui vous a remis ce papier? Demande Me Laperrière. » « Le
détective Dupont. » « Quand? » - « Vendredi ». Ce
dernier qui agissait comme conseiller de Me Biron nie d’un geste de la tête.
Plus tard, Me Biron demande au témoin de montrer le papier dont il parle. Le
témoin le retire de sa poche. Le procureur le regarde et s’exclame :
« Un subpoena, un subpoena, le voilà le papier de la police. Il y avait un
malentendu et le public et toute la Cour se paient quelques minutes de franc
rire. »[43]
Nous n’avons
trouvé aucune trace démontrant que la Sûreté provinciale ait été appelée à
participer à cette enquête.
En octobre
1960, Dupont paraissait occupé puisque « Il n’a fallu au détective Louis-Georges
Dupont, qu’une heure et trente minutes pour mettre un point final à une enquête
sur un « hit and run » survenu vers 10h50, mercredi soir sur le pont
Duplessis. »[44] Le
fautif était un étudiant de Montréal qui se trouvait en congé chez ses grands-parents
à Trois-Rivières. Il fut libéré sous caution peu après son arrestation. Alors
qu’il se dirigeait vers le Cap-de-la-Madeleine, il avait heurté la voiture de
Marcel Genès. Non seulement il avait causé 250$ de dommages mais il avait
refusé de s’arrêter. Un citoyen (J. André Lesage) avait cependant noté son
numéro de plaque pour le transmettre ensuite aux policiers, ce qui a grandement
facilité le travail de Dupont.
1961 – Nominations de Hubert et Dupont
Le Nouvelliste du 21 juin 1961 annonça la
nomination de Jean-Marie Hubert à la tête de l’escouade des détectives. Un
rapport du directeur Jean-Marie Brunet avait convaincu le conseil de ville
d’attribuer des promotions. « C’est ainsi que le détective Jean-Marie
Hubert prend charge de la Sûreté municipale avec le grade de
lieutenant-détective. Il sera assisté du détective Louis-Georges Dupont qui
devient sergent-détective. La troisième alternative du directeur de la police,
prévoit la permutation de deux agents de police qui deviennent détectives pour
le moment afin de permettre un meilleur ajustement du détective Hubert dans ses
nouvelles fonctions. Ce sont les agents Guy Poisson et Lawrence Buckley.
Présentement, la Sûreté municipale se compose de trois détectives, MM. Elmo
Beaubien, Jean-Marie Hubert et Louis-Georges Dupont. M. Guy Poisson agit comme
vérificateur des archives. Dans six mois environ, deux autres agents seront
permutés au poste de détectives. Les noms seront connus en temps et lieu. Dès
que les deux nouveaux détectives auront intégré leur nouvelle fonction et que
les cadres de la Sûreté auront été augmentés de deux autres membres, le
lieutenant détective Hubert ira suivre un cours d’avancement et de
perfectionnement au Canadian Police College, à Ottawa. »[45]
Pendant cette
formation, on prévoyait qu’Hubert serait remplacé par Dupont. Par la suite, ce
dernier irait suivre à son tour la même formation. De plus, « Le
lieutenant-détective Hubert est âgé de 31 ans et compte 11 années de service
avec la police. Le sergent-détective Louis-Georges Dupont est âgé de 37 ans et
compte 12 années de service. Ces deux détectives sont avec la Sûreté depuis le
3 février 1958. »[46]
Par ailleurs, « la question de l’automobile du directeur de la police a
été remise à plus tard, soit au moment où le poste de police No 1 aura été
transporté rue Royale. »[47]
Au lendemain de
cette parution, on ajoutait que « le sort a voulu que le
lieutenant-détective Jean-Marie Hubert, ne puisse se rendre à son travail au
lendemain de sa nomination comme titulaire de la Sûreté municipale. Le
lieutenant-détective Hubert s’est en effet foulé une cheville en jouant à la
balle molle, mardi soir. Il reviendra toutefois au travail sous peu, alors
qu’il dirigera le travail du personnel de la Sûreté municipale. »[48]
Quelques jours
plus tard, le même quotidien partageait dans un vox pop les commentaires de quatre hommes vis-à-vis afin de
connaître leur opinion face à ces nouvelles nominations. Claude Proulx[49],
par exemple, a déclaré : « Je suis très satisfait des nominations qui
ont été faites à la Sûreté municipale. Il était certain que M. DeMifonnis
devrait partir un jour. Il a été remplacé par un jeune, M. Hubert, qui, je le
crois, sera à la hauteur de la position. M. Hubert est de Trois-Rivières. Il
connaît bien sa ville. Je crois qu’il ne serait pas facile de le remplacer,
advenant son départ. J’approuve en outre les nominations de MM. Louis-Georges
Dupont, Guy Poisson et Lawrence Buckley. »[50]
Un chauffeur de
taxi du nom de Léo Boucher partagea son enthousiasme en ajoutant que
« j’ai toutefois l’impression qu’ils ne sont pas assez nombreux pour
remplir la tâche qui leur incombe. »[51]
Le prestige de
ces nominations fut rapidement suivi par le retour à la réalité. En juillet, un
individu déroba des chèques de voyage à la gare du Canadien Pacifique, le tout
d’une valeur estimée à 1 800$. Il n’eut cependant pas l’occasion de jouir
des fruits de son crime car une dizaine de minutes plus tard il était arrêté
par le détective Guy Poisson et « Jean-Marie Hubert, officier en charge de
la Sûreté municipale, a remis l’enquête entre les mains de l’inspecteur
Dubreuil, du Pacifique Canadien. »[52]
Il semble que
Hubert tentait de maintenir la forme en jouant à la balle molle car « les
meilleurs joueurs des gagnants ont été Gilles Tousignant, Germain Provencher,
Robert Dupont et Jean-Marie Hubert qui ont tous réussi trois coups sûrs en
quatre présences au bâton […]. »[53]
Le 20 juillet
1961, Le Nouvelliste annonçait une
baisse des vols de vélo, et cela en raison de « trois comparutions en Cour
du Bien-Être. L’un des jeunes coupables écopa d’un mois de prison. Comme quoi
le travail effectué par le personnel de la Sûreté, sous la direction du
lieutenant-détective Jean-Marie Hubert, porte fruit. »[54]
Un mois plus
tard, le quotidien annonçait à ses lecteurs qu’Hubert « est parti pour le
Nouveau-Brunswick, hier, d’où il doit ramener un jeune homme accusé du vol
d’une automobile appartenant à M. Tony Pilote, des Trois-Rivières. »[55]
Le 7 septembre
1961, le corps d’une femme de 37 ans, Marguerite Pauzé, fut découvert dans une
misérable cabane de la rue Michel-Bégon. Son corps fut identifié par son père à
la morgue Philibert.[56]
Le jour même, Albert Grenier, un entraîneur de chevaux de 49 ans, fut incarcéré
au poste de police No. 1. « Il aurait déclaré avoir frappé, à l’aide d’une
brique, Mme Réal Beaulieu à la suite d’une dispute qu’il aurait eue avec cette
dernière vers 6h30 hier matin. […] Vers 8 heures a.m., hier, Grenier se
présentait au Poste No 1 et déclarait au sergent Roland Poitras, alors en
charge : « Je viens de tuer ma blonde ». Le lieutenant détective
Jean-Marie Hubert accompagné du sergent-détective Louis-Georges Dupont et du
détective Lawrence Buckley sitôt alerté se rendit sur les lieux du drame où il
trouva une maison cadenassée. Les limiers firent alors sauter le cadenas et
entrant dans la pièce, virent une femme qui beignait [sic] dans son sang mais
soufflait encore faiblement. »[57]
Encore une
fois, rien n’indique que la Sûreté provinciale ait été appelé à travailler sur
cette affaire. Toutefois, soulignons que ce crime était circonscrit sur le
territoire trifluvien, tandis que l’affaire Huard avait impliqué une chasse à
l’homme hors de la ville.
Durant
l’enquête de coroner, « Le sergent Roland Poitras, 47 ans, […] raconta
qu’il était de garde au poste No 1, le 7 septembre dernier, alors qu’entre 7h50
et 7h55 du matin, un homme qu’il identifia comme étant Albert Grenier se
présenta en lui disant : « Arrêtez-moi, je viens de tuer ma blonde.
Faites de moi ce que vous voulez. » Il rapporta que le même homme portait
une chemise tachée de sang et qu’il en avait aussi sur les mains. Il appela
alors le lieutenant Dupont et aux deux le témoin Grenier aurait avoué avoir tué
la femme avec une brique qui servait à tenir la porte de la maison. Le
lieutenant Dupont du poste No 1 vint corroborer le témoignage du sergent
Poitras en ajoutant que Grenier leur avait dit qu’il avait agi ainsi après
avoir surpris le père et la fille ensemble, alors qu’il les avait épiés durant
un quart d’heure par une petite fenêtre. Après avoir entendu ensuite les
constables Roger Morissette, Roland Dupont et A. Lafrance raconter qu’ils
avaient pris en charge le témoin, qui venait de se livrer, le
lieutenant-détective Louis-Georges Dupont fut appelé. […] Le détective Dupont
lut une déposition faite volontairement et sans aucune pression ni menace par
Albert Grenier, l’avant-midi même de l’assaut. »[59]
1962
Une enquête
conduite par Louis-Georges Dupont et Lawrence Buckley avait menée à la
condamnation d’un jeune homme de 17 ans à 3 ans de pénitencier devant le juge
Léon Girard pour deux vols. « Le prévenu a été référé à la Cour des
Sessions par la Cour du Bien-Être après une enquête du détective Elmo Beaubien,
concernant le vol de 24 projecteurs au C.P.R. dans la nuit du 22 au 23 janvier
dernier. Pour ce vol, il a été condamné à un an de prison. Le juge l’a condamné
aussi à trois ans de pénitencier pour avoir effectué un vol par effraction en
octobre dernier à la mercerie Nationale alors qu’il s’était emparé des
marchandises pour une valeur de $525. »[60]
Au début de
mars 1962, des voleurs ont emportés le coffre-fort de l’épicier Roland Richard,
du 1017 rue Amherst à Trois-Rivières et qui contenait 5 500$ ainsi que des
documents importants. Le coffre a été retrouvé par un chauffeur d’autobus
scolaire dans le rang St-Charles mais l’argent avait disparu. « Ce sont
les sergents-détectives Louis-Georges Dupont et Lawrence Buckley qui enquêtent
en marge de ce vol. »[61]
Au début
d’avril 1962, Le Nouvelliste souligna
que le détective Dupont avait « réussi à mettre la main sur la majorité de
la marchandise volée à la Pharmacie de Normanville, dans la nuit de samedi à
dimanche. Cette marchandise comprenant des appareils de photographie et autres
choses du genre avait été déposée par les voleurs dans un casier de la gare du
C.P.R., rue Champflour. Le sergent Dupont nous révélait qu’il avait retrouvé
ainsi des effets évalués à environ $237 ainsi que des timbres-postes pour une valeur
de $328. »[62]
Le montant total de ce vol avait été estimée à 2 500$.[63]
En avril
1962, un vol fut commis à la buanderie Deluxe Nettoyeur située au 1169, rue
Ste-Marie. Le montant du vol fut estimé à $145 en argent. L’enquête fut confiée
à Dupont.[64]
En avril 1962,
« Un vol par effraction a été perpétré dimanche, entre midi et minuit, à
la maison privée de M. Jean Hébert, 1046 rue Ste-Julie […]. Le ou les
malfaiteurs se sont emparés d’une somme de quelque $200 en argent, après s’être
produits [sic], dans la maison en forçant la porte arrière, pendant l’absence
de la famille de M. Hébert. Le sergent-détective Louis-Georges Dupont mène [l’]
enquête dans cette affaire. »[65]
Le 3 août
1962, c’est un tout petit article de quelques phrases qui soulignait la
participation de Dupont à une enquête concernant « deux vols perpétrés ces
jours derniers pour une valeur totale de quelque $100. Dans la nuit du 30 au 31
juillet, M. Bernard Dubé, 511, rue St-Georges, dont l’auto était stationnée
dans la cour du Nouvelliste, s’est fait voler 2 enjoliveurs, d’une valeur de
$15 chacun. »[66]
En août 1962,
un opérateur de radio a tenté de s’enlever la vie en se tranchant les veines à
bord d’un cargo suédois qui mouillait dans le port de Trois-Rivières.
« Transporté d’urgence à l’hôpital St-Joseph, il a reçu les premiers soins
du Dr Lucien Bédard pour être ensuite placé sous bonne garde. L’opérateur en
question, âgé de 42 ans, avait laissé une note à sa femme dans laquelle il
disait qu’il était fatigué de la vie et qu’il voulait mourir parce qu’il avait
les pieds bots. Les détectives Jean-Marie Hubert et Louis-Georges Dupont,
chargés de l’enquête judiciaire, ont révélé qu’il s’était servi d’une lame de
rasoir pour se couper les veines et qu’il sera remis entre les mains de
l’Immigration dès qu’il sera en mesure de quitter l’hôpital. »[67]
Figure 2. Louis-Georges
Dupont, à gauche, en compagnie du détective Laliberté, qui tient la
carabine impliquée dans l'enquête de coroner sur la mort de Rhéo Robert en
décembre 1962.
1963
– Le meurtre de René Mongrain
Le 2 mars 1963,
vers 18h15, René Mongrain, 28 ans, sortit de l’épicerie IGA appartenant à son
père et qui était située au 749 rue Williams à Trois-Rivières. Il avait dans
ses mains un coffret contenant 5 000$. Mongrain avait l’habitude de faire
ce trajet, qui l’amenait chez lui, à seulement une cinquantaine de pieds plus
loin, là où il comptait et conservait les recettes de la journée. Le commerce
familial fermait à 18h00. Malheureusement, le célibataire de 28 ans fut
soudainement intercepté par une voiture qui laissa descendre un individu armé
d’un revolver qui lui demanda à lui remettre son magot. « René Mongrain
avait alors avec lui une somme d’argent évaluée entre $4,000 et $5,000, qui
comprenait les recettes du vendredi soir et de la journée de samedi. L’assassin
a abattu sa victime d’une balle au-dessus de l’œil gauche. Mais cette folle
tentative a été vaine puisque le bandit solitaire a dû prendre ses jambes à son
cou pour éviter d’être attrapé par des employés du magasin et d’autres
personnes dont l’attention avait été attirée par les coups de feu. »[71]
C’est le
capitaine-détective Elmo Beaubien de la police municipale qui s’est investi
corps et âme dans cette enquête au cours des premiers jours, mais « M.
Beaubien n’a voulu rien négliger et a même demandé l’aide de la Sûreté
provinciale pour activer les recherches. Deux experts de Montréal, le sergent
Roland Aubuchon, de l’escouade des homicides et l’agent Guy Bolduc de l’escouade
des vols à main armée sont arrivés à Trois-Rivières dimanche après-midi.
L’agent-détective Pierre Roy du bureau local de la Sûreté provinciale de la
Sûreté provinciale a aussi été mandé pour se joindre aux recherches. »[72]
Cette enquête de
meurtre ramena à Trois-Rivières une célébrité du milieu médico-légal, le Dr
Rosario Fontaine, fier successeur du réputé Dr Wilfrid Derome qui avait fond le
laboratoire de médecine légal à Montréal en 1914. Le Dr Fontaine était venu
exercer sa profession à Trois-Rivières en 1926 dans l’affaire Lavallée, puis à
nouveau dans l’affaire Andrew Day en 1929. Le Dr Fontaine a pratiqué l’autopsie
de Mongrain à la morgue Philibert. Il en vint à la conclusion que Mongrain
avait été tué d’une balle de calibre .38.
Le 6 mars 1963,
un article de Pierre Courteau démontrait encore à quel point les policiers de
Trois-Rivières collaboraient avec la Sûreté provinciale dans ce dossier :
« La grande chasse à l’homme de la Sûreté municipale, menée en
collaboration avec deux experts de la Sûreté provinciale, de Montréal, […] a
connu un développement très important, hier midi, lorsqu’un jeune récidiviste
de 17 ans, s’est livré à la police. »[73]
D’ailleurs, Dupont lui-même a participé à cette collaboration
municipo-provinciale car « Les limiers de la Sûreté municipale et
ceux de la Sûreté provinciale n’ont cessé de concentrer tous leurs efforts pour
mener l’enquête à bonne fin. La plupart ont travaillé presque jour et nuit
depuis samedi soir. Il s’agit de l’équipe de la Sûreté locale, qui se compose
du capitaine-détective Elmo Beaubien, du lieutenant-détective Jean-Marie
Hubert, et des sergents-détectives Louis-Georges Dupont, Fernand Thibeault, Guy
Poisson, Fernand Gendron et Lawrence Buckley. »[74]
L’arme du
crime fut retrouvée peu de temps après dans les eaux du fleuve par le plongeur
Roland Cardinal de la police de Trois-Rivières qui agissait sous la supervision
de Jean-Marie Hubert. L’enquête conduisit aux arrestations d’André Gaudet et Normand
Laterreur. Le travail des détectives trifluviens fut si efficace que « Le
maire J.-A. Mongrain a transmis à ses collègues du conseil lors de la dernière
séance, les témoignages d’appréciation du sergent Roland Aubuchon de la PP à
l’endroit des détectives de la police municipale, Jean-Marie Hubert,
Louis-Georges Dupont et les autres. Le sergent Aubuchon, qui a pris part à
l’enquête devant mener à l’arrestation d’André Gaudet et de Norman Laterreur,
accusés du meurtre de René Mongrain, mardi matin aux Sessions, a dit avoir été
impressionné par le zèle des détectives municipaux. »[75]
Le même article soulignait qu’un budget de 96$ avait été accordé pour permettre
au policier Roland Cardinal d’effectuer ses recherches sous-marines au quai de
Ste-Angèle, sur la rive sud du fleuve.
En avril, des
vandales causèrent des dommages au hangar No 3 appartenant aux Ports Nationaux.
« Les jeunes intrus ont pris des courses avec trois petits camions à
levier qui se trouvaient à l’intérieur. Dans leur jeu, ils ont accroché une
vingtaine de rouleaux de papier à journal et des sacs d’amiante, en plus
d’endommager deux des trois petits camions […]. Toute personne ayant vu des
jeunes avec un chien dans les environs du quai est priée de communiquer avec le
sergent Louis-Georges Dupont, de la Sûreté municipale. »[76]
Le procès de
Laterreur, qui a eu lieu du 18 au 20 décembre 1963 au palais de justice de
Trois-Rivières devant le juge Roger Laroche, est intéressant en ce sens qu’il
réunit des personnages que nous avons croisé au cours de la série Trajectoire. Dans un premier temps, on
constate que parmi les témoins appelés au procès on retrouve Normand Rouette,
Jean-Marie Hubert, Paul Dallaire, Louis-Georges Dupont, Lawrence Buckley. On y
constate aussi que le rôle de Dupont dans cette affaire est bien au-dessous de
l’image qu’on a parfois tenté de proposer, entre autre à l’effet qu’il aurait
une sorte de super enquêteur à qui on confiant les enquêtes les plus
croustillantes ou les plus dangereuses. Or, en lisant ce procès, on s’aperçoit
que le rôle de Dupont est tout à fait ordinaire, à l’image d’un détective qui
travaille seulement en équipe avec d’autres collègues. Sans plus.
Lors de son
témoignage, le Dr Rosario Fontaine dira avoir été conduit jusqu’à la maison
funéraire Philibert par le détective Hubert afin d’examiner le corps de
Mongrain. Il est ensuite fascinant de l’entendre parler des faits entourant la
balistique alors qu’il était question d’une arme de calibre .38, tout comme il
en sera question plus tard dans l’affaire concernant Dupont, un témoin qu’il a
d’ailleurs sans doute croisé au cours de ces audiences. Le monde est petit,
pourrait-on évoquer comme expression! Voici d’ailleurs un extrait de son
témoignage :
-
Les données
balistiques sont d’abord le nombre des rayures : 7 rayures. Les rayures sont des sillons qui sont
creusés, des sillons qui existent à l’intérieur du canon de l’arme, et qui sont
placés en spirale, c’est-à-dire en tire-bouchon afin de donner un mouvement de
rotation aux projectiles tirés pour les empêcher de culbuter dans leur course,
augmentant ainsi la portée et la précision du tir. Or, ces 7 rayures étaient de gauche à
droite. C’est encore une donnée
balistique. Leur largeur qui est une autre
donnée balistique était, pour les rayures : 125 millièmes de pouce. Et pour la cloison : 32 millième de
pouce. Et par le degré d’inclinaison des
rayures, j’ai pu établir que la hauteur de la spire, c’est-à-dire la hauteur
d’un tour complet était de 15 pouces, ce qui veut dire que dans une arme courte
comme un revolver, il n’y a pas un tour complet. … Et ensuite, le calibre. Le calibre, 38ème de pouce, ou 380
millièmes de pouce, n’est pas le calibre exact.
Le calibre, en réalité, du Webly Scott, est de 358 à 364 millièmes de
pouce, ce qui fait en réalité 36 à 36 et demi.
Et il en est de même pour tous les .38, et le calibre réel est toujours
plus bas que le calibre qui est indiqué sur l’arme.
On a
longuement débattu en 1995 et 1996 à propos du mystérieux témoignage que Dupont
a livré en 1969 pendant la CPQ. Cette fois, on en un de ses témoignages
conservés à BAnQ. En voici un extrait :
-
Monsieur
Dupont, commença Me Jules Biron, le 4 mars 1963 avez-vous rencontré le prévenu
dans la présente cause, l’accusé?
-
Oui,
monsieur.
-
À quel
endroit?
-
Chez lui,
chez son père, à Ste-Angèle le Prémont.
-
À quelle
heure?
-
Vers 3h30 du
matin.
-
Vous étiez en
compagnie de qui?
-
Du
sergent-détective Roland Aubuchon de la Sûreté Provinciale, de l’agent Guy
Bolduc de la Sûreté Provinciale, de l’agent Robert Lamy de la Sûreté
Provinciale et du sergent-détective Lawrence Buckley de la Police Municipale de
Trois-Rivières.
-
Voulez-vous
dire au juste qu’est-ce qui s’est passé?
-
Ce qui s’est
passé, on s’est présenté chez monsieur Laterreur, le père de Normand, dans le
but d’y trouver Normand Laterreur, à qui on avait affaire, et puis on nous a
ouvert la porte. Son père, je crois,
nous a ouvert la porte. On est
entré. On a demandé pour Normand qui,
apparemment, était couché à ce moment-là, et Normand est venu. On lui a demandé de nous suivre à nos
bureaux, qu’on avait des questions à lui poser.
Et puis il s’est habillé. Il a
embarqué avec nous autres, et on a descendu à nos bureaux, ici à
Trois-Rivières.
-
Vous êtes
arrivé à quelle heure au bureau à Trois-Rivières?
-
Vers 5h30,
5h45 du matin, le même matin.
-
Est-ce que
vous avez arrêté le long du trajet de Ste-Angèle le Prémont à Trois-Rivières?
-
On était deux
automobiles. On est arrêté entre
Ste-Angèle le Prémont. On est arrêté à
Louiseville pour débarquer l’agent Lamy.
-
Vous étiez
deux automobiles?
-
On était deux
automobiles.
-
Qui prenait
place dans la première automobile?
-
Dans la
première, l’automobile de la Sûreté Municipale de Trois-Rivières, c’est moi qui
conduisait, et en autant que je me rappelle, j’étais accompagné du
sergent-détective Buckley. Je ne me
rappelle pas si c’est dans notre auto que l’agent Lamy a redescendu de
Ste-Angèle le Prémont ou dans l’autre voiture, mais dans la deuxième voiture,
il y avait le sergent Aubuchon et l’agent Bolduc, et puis Laterreur. On est arrêté à Louiseville, au bureau de la
Sûreté Provinciale, devant la bâtisse, pour débarquer l’agent Lamy. Enfin, on a continué ici à Trois-Rivières.
-
Et à
Trois-Rivières, qu’est-ce qui est advenu de l’accusé?
-
L’accusé, on
l’a mis en cellule au poste de police numéro 1, sur la rue Royale.
-
Qui l’a mis
en cellule?
-
… Là, c’est
nous autres qui l’avons laissé au bureau.
On a demandé de le placer en cellule, sous surveillance.
-
Est-ce que
vous avez fait des menaces à monsieur Laterreur?
-
Non,
monsieur.
-
Avez-vous
fait des promesses?
-
Non,
monsieur.
-
Est-ce qu’à
votre connaissance le sergent Aubuchon, Buckley, Bolduc ou Lamy ont fait des
menaces, des promesses, ou ont donné des coups à monsieur Laterreur?
-
Non,
monsieur.[77]
Par la propre
bouche de Louis-Georges Dupont, on constate que son rôle n’est pas aussi
extravaguant dans une enquête de meurtre et que justement cette enquête de
meurtre a vite été supervisée par la Sûreté provinciale, qui allait devenir la
Sûreté du Québec quelques années plus tard. Et Le Nouvelliste de renchérir sur
la question : « Il ressort de ces témoignages que les policiers
Aubuchon, Bolduc, Buckley, Dupont revenaient de Montréal où ils avaient obtenu
l’adresse de Laterreur dans une maison de chambres de Montréal où il avait
habité. En passant par Louiseville, le sergent détective Aubuchon manda à
l’agent Lamy qui connaissait ce district de les conduire à
Ste-Angèle-de-Prémont où habite le père de l’accusé ».
La
routine
L’enquête
déclenchée par le meurtre de René Mongrain n’avait pas pour autant stoppée les
autres crimes courants. Le 28 mars 1963, on lisait dans Le Nouvelliste que
Jean-Marie Hubert et Louis-Georges Dupont enquêtaient sur le vol d’un
« gros malaxeur à ciment, propriété de la firme Geo. Lambert Ltée,
boulevard Normand […]. La valeur approximative du malaxeur est de $700. »[78]
À la fin de
juin 1963, « Un commis à la taverne Chez Paul, 1040 Ste-Cécile, s’est fait
soutirer une somme de quelque $150 […]. Le lieutenant-détective Jean-Marie
Hubert et le sergent-détective Louis-Georges Dupont enquêtent dans cette
affaire. »[79]
Parallèlement à ce crime, « Un chauffeur de taxi du Corona Taxi, rue
Champflour, s’est enfui, mardi matin avec une somme de quelque $250, argent
soutiré de la caisse du poste. Le propriétaire, M. Paul Lemire, a immédiatement
porté plainte à la Sûreté municipale et le sergent-détective Louis-Georges
Dupont a été chargé de l’enquête. Il appert que le chauffeur de taxi aurait
pris la direction de la métropole. La Sûreté provinciale enquête en
collaboration avec la Sûreté municipale. »[80]
Dans la même
parution, et sur la même page, le quotidien de Trois-Rivières soulignait
également qu’un « commis à la taverne Chez Paul, 1040 Ste-Cécile, s’est
fait soutirer une somme de quelque $150 vers minuit et vingt, dans la nuit de
mardi à mercredi. Le Commis, M. Rosaire Laferrière, a révélé à la police que
trois clients étaient demeurés à l’intérieur après la fermeture pour finir
leurs consommations. L’un d’entre eux est venu derrière le bar et l’a retenu
pendant que les deux autres vidaient la caisse. Ils ont toutefois laissé les
dix sous et les cinq sous. Les trois individus ont ensuite pris la fuite, en
prenant soin d’avertir le commis de ne pas alerter la police. Le
lieutenant-détective Jean-Marie Hubert et le sergent-détective Louis-Georges
Dupont enquêtent dans cette affaire ».
En juillet,
c’est un présumé faussaire du nom d Jean-Claude Verret, qui a été arrêté à
l’hôtel Caumartin par les agents Jean-Guy Fontaine et André Bélisle. Encore une
fois, « Le lieutenant-détective Jean-Marie Hubert et le sergent-détective
Louis-Georges Dupont se sont ensuite rendus sur les lieux et ont conduit le
récidiviste au poste de police où il a été écroué aux cellules jusqu’à sa
comparution en Cour des Sessions ce matin. »[81]
Par ailleurs,
Dupont s’est aussi chargé de l’enquête sur la mort suspecte de Philippe
Bellemare, 49 ans. Toutefois, puisqu’il s’avéra que la cause du décès était
naturelle, « Le coroner du district, Me Guy Lebrun, a déclaré qu’il n’y
aurait pas d’enquête du coroner, étant donné les circonstances de la mort. Le
sergent-détective Louis-Georges Dupont a été chargé de l’enquête
judiciaire. »[82]
Au cours de
la commission d’enquête de 1996 il a été question à quelques reprises des
déplacements de Dupont. À un mois de l’ouverture du procès de Laterreur,
« le sergent-détective Louis-Georges Dupont s’est rendu dans la région de
Joliette, hier, pour poursuivre son enquête dans cette mystérieuse
affaire. »[83]
Un article
étrange paru dans la section « C’est un secret de polichinelle » du Le Nouvelliste, semble étrange alors
qu’il aurait pu se faire annonciateur d’une affirmation qui allait apparaître
quelques jours plus tard. Voici comment se lit ce paragraphe : « Un
membre de la Sûreté municipale, le sergent-détective Louis-Georges Dupont, n’a
pas voulu dire à Polichinelle, qu’il ne se fiait pas aux interprètes dans les
causes où il est directement lié mais un de ses confrères m’a révélé que le
limier étudie présentement la langue espagnole… »[84]
Jack
l’Espagnol
Le 3 août
1963, sous la rubrique « C’est un secret de polichinelle », dans Le
Nouvelliste : « Qui peut se vanter, en toute franchise, de n’avoir
jamais été victime d’une bonne plaisanterie, un jour ou l’autre? Même la police
doit parfois avoir le sens de l’humour. Aussi, je m’en voudrais de passer sous
silence une anecdote particulièrement savoureuse. Deux limiers de la Sûreté
municipale revenaient récemment d’un voyage lorsqu’ils aperçurent une boîte en
bordure de la route No 3, à Yamaska. Le conducteur, surnommé « Jack
l’Espagnol » par ses confrères les détectives, a trouvé bizarre la
présence de cette boîte dans un emballage encore neuf. Il a donc arrêté son
véhicule pour aller vérifier et remettre, s’il y avait lieu, le paquet à son
propriétaire. Le limier était loin de se douter qu’il venait de marcher dans le
jeu d’un groupe de jeunes farceurs cachés non loin et qui tirèrent vers eux la
boîte en question au moyen d’une corde alors même que le sergent-détective
Louis-Georges Dupont se penchait pour cueillir le colis. Inutile de dire que le
limier a eu une bonne frousse, comparable à la froide sensation que procure un
chat de gouttière à un policier lorsqu’il lui passe entre les jambes au moment
de sa ronde nocturne. Fiers d’avoir attrappé [sic] leur poisson, les jeunes
plaisantins ont lancé en ricanant : « Vous reviendrez ». L’ami
Dupont a accepté l’invitation. Il reprit place dans son automobile, fit
demi-tour un peu plus loin et revint sur les lieux avec cet air indéchiffrable
que l’on retrouve chez les détectives. Les jeunes avaient replacé leur boîte.
« Vous n’en prendrez plus d’autres », de conclure triomphalement
l’ami Louis-Georges, lorsqu’il brisa la boîte ».
Il est
intéressant ici, selon cet article, de constater deux choses. D’abord que
Louis-Georges ne semblait pas être un homme qui entendait à rire facilement. Et
ensuite, que son surnom de Jack, connu de sa propre famille, allait
probablement au-delà de ce qui a été dit dans cette affaire. Ses collègues semblaient
le surnommer Jack l’Espagnol. Pourquoi?
Or, il
s’avère que Jack l’Espagnol est un personnage de cinéma datant d’au moins 1946.
Sur un site consacré au cinéma, on peut lire le résumé suivant à propos du film
Jack l’Espagnol, le vieux Sacramento (1946) : « Depuis qu’il a été
dépossédé de ses biens, Johnny Barett a une double vie. Dandy, charmeur et
amateur de belles femmes aux yeux de tous, il se transforme quand les
circonstances l’exigent en redoutable hors la loi masqué connu sous le nom de
Jack l’espagnol. Malone, sa petite amie qui est entraîneuse au saloon apprends
bientôt la vérité et le quitte. Johnny ne tarde pas à être arrêté par son ami,
le shérif … »[85].
Quelques
jours plus tard, Dupont s’est retrouvé occupé par une autre enquête de vol. Des
pilleurs s’étaient introduit dans une maison de la rue St-François-Xavier pour
y prendre « divers articles évalués à environ $150. […] Ils ont emporté
avec eux un radio portatif, des draps, ainsi que deux livrets de banque. Dans
leur hâte, ils ont laissé une sacoche contenant des bijoux sur le lit. »[86]
Peu après,
Hubert et Dupont ont conclus une enquête sur un hit and run. « Le prévenu
a préféré la prison à une amende de $50 et les frais que lui avait imposés le
juge Jules Provencher […] »[87]
En septembre
1963, un crâne humain a été découvert dans une cour de la rue Michel-Bégon, ce
qui amena le Dr Rosario Fontaine à travailler une fois de plus dans un dossier
impliquant Dupont. En effet, « le médecin-légiste de la Sûreté
provinciale, a affirmé, hier soir, après un examen, qu’il s’agissait là d’un
crâne adulte dont l’existence remonte à un minimum de 50 années. […] L’hypothèse
voulant que le crâne humain, coupé à sa partie frontale supérieure, soit le
fruit d’un homicide, est donc éliminée définitivement. Cette explication du Dr
Fontaine ferme le dossier de l’enquête judiciaire menée dans cette affaire par
le lieutenant-détective Jean-Marie Hubert et le sergent-détective Louis-Georges
Dupont. »[88]
En octobre, les
deux corps policiers ont à nouveau collaborés. Trois jeunes soupçonnés d’avoir
volé 35 cartons de cigarettes dans le restaurant Le Paysan à Baie-Jolie,
propriété de Jacques Sauvageau. « Le plus âgé des trois qui a 22 ans a été
coffré par deux sergents-détectives de la Sûreté municipale de Trois-Rivières,
Lawrence Buckley et Louis-Georges Dupont. Les deux autres, qui ont 21 ans
chacun, ont été arrêtés par les agents Denis Prémont et René Roy de la Police
provinciale du bureau de Trois-Rivières. »[89]
Quelques jours
plus tard, un hold-up a été perpétré à l’Hôtel St-Maurice, ce qui a rapporté
3 000$ à ses auteurs. L’opération policière a conduit les policiers de
Trois-Rivières à dresser des barrages aux limites de la ville. Encore une fois,
l’enquête a été confié au duo Hubert et Dupont.[90]
Le lendemain, Dupont a dû se rendre à Montréal afin de contribuer à l’évolution
de cette enquête. « Deux détectives de la Sûreté municipale de
Trois-Rivières se sont rendus dans la métropole, hier, pour enquêter
relativement au vol à main armée de $3,000, perpétré au cours de la nuit de
dimanche à lundi à l’Hôtel St-Maurice. Les sergents-détectives Louis-Georges
Dupont et Fernand Thibeault avaient pour mission d’interroger un groupe de
clients suspects qui a séjourné à l’Hôtel St-Maurice la semaine dernière. »[91]
De retour à
Trois-Rivières, Dupont n’a pas chômé puisqu’il dût enquêter sur les
circonstances entourant la mort de J.-A. Mondor, décédé alors qu’il était au
volant de sa voiture. L’homme était âgé de 58 ans. Dans cette affaire,
Louis-Georges « a fait part du résultat de ses recherches au coroner, Me
Guy Lebrun qui a décrété un simple cas de recherche après étude du dossier. Ce
sont les agents Paul Landry et Marcel St-Onge, du poste de police No 1, qui se
sont rendus sur les lieux et ont rédigé les constatations préliminaires. »[92]
1964
14 février
1964, Dupont a été chargé d’enquêter sur un vol de 650$ commis à la résidence
d’Yvon Lepage, au 1050 rue Ste-Geneviève.[93] À
la fin de mars, il fut amené à investiguer sur un double vol par effraction
commis à la brasserie Labatt et à un commerce situé tout près, sur la rue
St-Philippe. « Les apaches ont consommé sur place la valeur des trois
quarts d’un quarante onces de scotch et la moitié d’un quarante onces de rye,
sans compter trois grosses bouteilles de bière et deux petites. […] Le sergent
Jean Champagne et l’agent Marcel Paquin, du poste de police No 1, ont fait les
constatations préliminaires. Ils sont d’avis que la bande aurait été dérangée
dans son travail par la tournée de vérification de la police. Celle-ci aurait
sondé les portes de l’entrepôt alors que les bandits étaient encore à
l’intérieur. […] Le lieutenant-détective Jean-Marie Hubert et le
sergent-détective Louis-Georges Dupont de la Sûreté municipale mènent l’enquête
dans cette affaire. »[94]
En avril
1964, Adélard Ménard, 84 ans, s’est jeté à l’eau. Son corps fut récupéré et
identifié par son fils à la morgue Philibert. Le vieil homme s’est suicidé en
se lançant « du garde-fou du traversier « Trois-Rivières ». »[95]
La famille avait signalé la disparition trois ou quatre jours auparavant.
L’enquête a été confiée à Hubert et Dupont.
Dans le même
journal, on apprend que Hubert et Dupont avaient aussi contribué à
l’arrestation d’un suspect dans une affaire au sein de laquelle ils
collaboraient avec les détectives Fernand Thibeault et Clément Massicotte. Il
s’agissait d’une affaire impliquant quatre individus qui avaient quêtés sans
permis, entrant ainsi en contradiction avec le code municipal.[96]
Dans Le Nouvelliste du 10 juin, on apprenait
que Dupont et Hubert avaient enquêté sur une autre affaire de corps retrouvé à
l’eau, cette fois aux abords du quai de l’usine de pâtes et papiers CIP (actuel
amphithéâtre). « Le corps, qui flottait entre deux eaux parmi les billots,
a été repêché par le lieutenant-détective Jean-Marie Hubert et le
sergent-détective Louis-Georges Dupont, assisté de M. J. R. Roy, officier de la
sécurité de la CIP. Le noyé, qui était en état de décomposition avancé, serait
un homme d’environ 40 à 50 ans et de grandeur moyenne. On n’a découvert aucun
papier d’identité sur lui. Il portait un complet foncé bleu ou gris, une
chemise de toilette finement rayée, une cravate grise, des bas bleus et des
souliers genre « loafer » avec une semelle de gomme noire. »[97]
Le 27 juin, Le
Nouvelliste assura ses lecteurs que le noyé « est sur le point d’être
identifié par la Sûreté municipale de notre ville. Le corps, comme on le sait,
avait été envoyé à la morgue de la Sûreté provinciale, à Montréal, pour fin
d’autopsie. C’est le Dr Jean-Paul Valcourt qui a pratiqué l’autopsie. Le
lieutenant-détective Jean-Marie Hubert et le sergent-détective Louis-Georges
Dupont croient qu’il s’agit d’un individu de la Rive-Sud, mais attendent le
retour d’objets personnels avant de procéder à l’identification
positive. »[98]
Au début de
juillet 1964, deux adolescents furent arrêtés par les détectives Fernand
Gendron et Lawrence Buckley après avoir abandonné une voiture (Oldsmobile 1958)
dans le cimetière St-Louis et qu’ils avaient volée sur la rue Champflour. Les
deux voleurs ont finalement été arrêtés près du cimetière St-Michel. L’article
soulignait au passage que Dupont enquêtait sur le vol de deux radios.[99]
Parallèlement à ces crimes, Dupont tentait également de résoudre le vol d'un
moteur de yacht d’une valeur de 125$ survenu au 350 de la rue
St-François-Xavier.[100]
Quelques jours
plus tard, un braquage fut commis à la caisse populaire de Normanville.
« Le lieutenant-détective Jean-Marie Hubert et le sergent-détective Louis-Georges
Dupont, ont déclaré, hier, qu’ils possédaient de nouveaux indices en rapport
avec l’identification de l’individu qui a raflé une somme de $1,500. Si
l’enquête porte fruit, il n’est pas impossible qu’elle permette d’éclaircir un
autre hold-up, commis le 26 juin à la caisse populaire St-Odilon du
Cap-de-la-Madeleine par un bandit correspondant à peu près à la même
description. »[101]
En août, Dupont
hérita d’une autre enquête de vol, celle-là impliquant un Américain (Adrien C.
Edward) de l’Ohio en visite chez des parents à Trois-Rivières et à qui on avait
volé des vêtements d’une valeur d’une centaine de dollars.[102]
En novembre,
Dupont enquête sur une affaire de vols à l’étalage. Quatre personnes ont été
attrapées en flagrant délit de vol au magasin J.-L. Fortin Ltée. Dupont et
Hubert ont été appelés à intervenir mais Maurice Fortin, président du commerce,
décida finalement de ne pas porter plainte.[103]
Au début de
décembre, Dupont écopa d’une enquête résultant de vandalisme perpétré auprès
d’une douzaine de parcomètres « sur le terrain de stationnement situé en
face de la salle Notre-Dame, rue Ste-Julie. Les mêmes infractions furent
signalées rue Bonaventure entre Hart et Notre-Dae et rue des Casernes, près de
la Terrasse Turcotte. L’agent-détective Clément Massicotte a pris charge de
l’enquête », tandis que Dupont récolta une enquête concernant la
disparition d’une machine à écrire appartenant aux bureaux de la compagnie Cap
Isolation, située au 1229 Ste-Julie.[104]
Peu de temps
après, André Pichette, 25 ans, avoua devant les Sessions de la Paix sa
culpabilité dans quelques affaires de vol. « La première infraction dont
s’est rendu coupable Pichette remonte au 14 novembre dernier. Il avait alors
dérobé un radio transistor et un ouvre-boîte électrique, le tout d’une valeur
de $37.65, après avoir fracassé la vitrine de façade des Ameublements
Trifluviens Ltée, rue St-François-Xavier en y lançant une brique. Le plaignant
a évalué à environ $150 la valeur de la vitrine. L’éclaircissement de ce
premier vol est attribuable à une enquête menée par les sergents-détectives
Lawrence Buckley et Louis-Georges Dupont de la Sûreté municipale. »[105]
Par ailleurs, le
même article faisait état d’un autre méfait commis par Pichette, un vol de
tourne-disque et environ 180 disques 45 tours. Cette dernière enquête avait
« été dirigée par le sergent-détective Guy Poisson et l’agent-détective
Paul Dallaire de la Sûreté municipale. »[106]
Juste avant Noël,
Dupont était occupé à enquêter sur un vol de pneus et un autre de support pour
skis. Par ailleurs, l’enquête sur un vol par effraction commis à la salle de
billard de la rue Union fut confiée au sergent-détective Guy Poisson.[107]
1965
Au début de
l’année 1965, Dupont enquêta sur une affaire au cours de laquelle un habitant
de Sorel s’était fait voler $200 lors de son séjour à Trois-Rivières et une
autre affaire de vol commis au Colisée, où les bandits avaient pris des patins.[108]
En juin, il
enquêta sur une vague de vols et d’actes de vandalisme commis à travers la ville.
« Le lieutenant-détective Jean-Marie Hubert, accompagné du détective
Louis-Georges Dupont, a entrepris son enquête. »[109]
Le duo enquêtait aussi sur une affaire de vol de radio sur la rue Lavérendrye.
Par ailleurs, les détectives Fernand Gendron et Lawrence Buckley travaillaient
sur une affaire de vol de draperie à l’hôtel Bonaventure. Ces deux derniers
enquêtaient également sur une affaire de vol de caméra et d’un pistolet au 143
rue Radisson.
En juillet, c’est
un vol qui a échoué au 470 rue Niverville. Encore une fois, l’enquête fut
confiée à Dupont. Quelques jours plus tard, Le Nouvelliste associa son nom à
une petite affaire de vol de disques commis au 565 rue McDougall chez un
certain Roger René. « Le détective Louis-Georges Dupont, assisté du
lieutenant-détective Jean-Marie Hubert, poursuit son enquête dans cette
affaire. »[110]
Au début d’août,
la routine des petits vols fit place à un drame humain qui se produisit
lorsqu’un « adolescent du Cap-de-la-Madeleine, âgé de 10 à 12 ans, s’est
noyé, hier avant-midi, lorsqu’il est tombé dans les eaux du St-Maurice du pont
reliant l’île St-Christophe à la rue Notre-Dame dans la cité mariale. Le
sergent Émile Barbeau, accompagné de son épouse, pêchait non loin du lieu de la
tragédie, mais ne put rien faire pour venir en aide au malheureux, à cause des
nombreux remous et du courant fort agité à cet endroit. […] Les frères Corbin
ont été demandé[s] sur les lieux hier, en fin d’après-midi. Le
lieutenant-détective Jean-Marie Hubert et le sergent-détective Louis-Georges
Dupont de la Sûreté municipale trifluvienne ont pris charge de l’enquête. »[111]
Dans la même
parution du Le Nouvelliste, on
apprenait que Dupont travaillait également sur un vol de moteur de yacht – un
autre – commis à la marina. Encore une fois, il travaillait conjointement avec
Hubert sur cette affaire.[112]
Et dans un troisième article, on soulignait que Dupont enquêtait sur une
affaire où un jeune marin de 20 ans (Raymond Brosseau) avait été attaqué si
sévèrement qu’on avait dû le conduire à l’hôpital St-Joseph. Ce sont les
ambulanciers de la Maison Julien Philibert qui s’était chargé du transport,
comme quoi cette dernière entreprise ne s’est pas uniquement occupée des
cadavres. Encore une fois, Hubert et Dupont ont écopés de cette enquête.[113]
Le 24 août, Le Nouvelliste mentionna encore le nom
de Dupont, cette fois pour souligner qu’il enquêtait encore avec Hubert sur un
vol à main armée commis « chez M. Alfred Martineau, 633 rue Gingras à
Trois-Rivières. »[114]
Deux jours plus
tard, on signala une vague de vandalisme composée de 11 vols, dont la plupart
par effraction. « Tout le personnel de la Sûreté municipale a été mobilisé
pour enquêter. Par ailleurs, lundi soir, des voleurs pénétraient par effraction
dans un garage propriété de Irving Oil à 1200 De la Terrière à Trois-Rivières
pour y chercher de l’argent. Rien n’aurait été pris cependant. Le
sergent-détective Louis-Georges Dupont a entrepris son enquête.
Une dizaine de
jours après que l’explosion d’un caisson causa la mort de plusieurs
travailleurs sur le chantier du futur pont Laviolette, Hubert et Dupont
s’occupèrent de l’enquête entourant la mort d’un homme de 62 ans, Paul-Émile
Chicoine, terrassé en pleine rue par une crise cardiaque alors qu’il se rendait
au travail.[115]
Quelques jours
plus tard, on annonçait la comparution de Lise Giroux, 20 ans, pour « le
supposé vol avec violence qui aurait été perpétré chez le Dr André Pelletier,
médecin-vétérinaire, le 13 septembre dernier. La prévenue a été mise en état
d’arrestation hier, par la Sûreté municipale de Trois-Rivières. Le
lieutenant-détective Jean-Marie Hubert et le sergent détective Louis-Georges
Dupont possède[nt] la preuve qu’à la suite de l’enquête, le tout n’est pas
vrai, que la secrétaire elle-même a rédigé les supposés messages de menace et
qu’enfin elle a pris l’argent que contenait un petit coffre. […] Mlle Giroux a
souligné dans sa déposition écrite qu’elle travaillait chez le Dr Pelletier
depuis trois semaines et que l’an dernier elle avait laissé cette position
parce que son salaire n’était pas assez élevé, soit $20.00 par semaine. […] À la
fin du même après-midi, elle fut interrogée par le lieutenant-détective Hubert
et le sergent-détective Louis-Georges Dupont et elle soutint la même version.
[…] La Sûreté municipale désire souligner ici que de sévères sanctions seront
prises à l’avenir dans des cas de ce genre. C’est la troisième enquête inutile
menée par les limiers municipaux depuis sept mois. On se rappellera sans doute
le désormais célèbre « règlement de compte sur les quais », en
février, l’automobile qui plongea dans les eaux du St-Laurent, il y a quelques
semaines et finalement ce supposé vol avec violence […]. Dans chaque cas, de
révéler le lieutenant-détective Jean-Marie Hubert, « nous avons été dans
l’obligation de mettre sur pied tout un personnel, nous avons dérangé
inutilement, en fait, des gens de la plus haute compétence et à chaque
occasion, ce qui est plus insultant encore, la force policière a été
ridiculisée. Que la population en prenne note, car nous sévirons sévèrement à
l’avenir ». »[116]
Le 27 septembre,
Michael Burman signa un article exposant les circonstances de la mort d’un
enfant de 3 ans, Sylvain Pélissier, qui avait eu la tête broyée sous les roues
du camion d’un laitier, « en face du 515, rue Godbout, à Trois-Rivières.
Trois témoins de moins de 10 ans ont narré à la police que le petit Sylvain
Pélissier se rendait chercher son camion dans la rue, lorsque la voiture de
laitier l’a blessé mortellement. M. Maurice Pélissier, agent de police du poste
No 1, est le père de la victime. Il demeure à 513 rue Godbout, à
Trois-Rivières. »[117]
Le véhicule appartenait à la Crémerie Union. « Les ambulanciers de la
maison Rousseau et Frère ont d’abord conduit la petite victime à leur morgue.
Elle fut ensuite transportée à la morgue Julien Philibert où le Dr Jacques
Sévigny a constaté le décès dû à une fracture ouverte du crâne, à 2 heures 15.
Le coroner du district, Me Pierre Garceau, a institué un simple cas de
recherche après l’ouverture de l’enquête pour identification. […] Le
sergent-détective Louis-Georges Dupont s’est chargé de l’enquête de la Sûreté
municipale de Trois-Rivières, après que les agents Gérard Goneau et Guy Lépine,
du poste de police No 2, eurent dressé le rapport des constatations
d’usage. »[118]
En octobre, le
corps d’un homme a été trouvé « par M. Robert Grenier, employé travaillant
sur la propriété de Mme Frank Ritchie, 693 des Ursulines, Trois-Rivières. Le
corps reposait près de la voie ferrée en bordure de la Compagnie Internationale
de Papier, à l’extrémité du terrain de Mme Ritchie. Le lieutenant-détective
Jean-Marie Hubert et le sergent-détective Louis-Georges Dupont, de la Sûreté
municipale, entreprirent aussitôt leur enquête. »[119]
L’homme, que l’on croyait être Roméo Gendreault, 69 ans, serait mort d’une
broncho-pneumonie. Il avait disparu lors d’un pèlerinage au Sanctuaire du Cap.
Encore une fois, le cadavre fut « transporté à la morgue Julien
Philibert » et « Le coroner du district trifluvien, Me Pierre
Garceau, institua un simple cas de recherche. »[120]
C’est aussi avec
Hubert que Dupont a participé à une autre enquête de tentative de vol par
effraction qui a mené à la comparution d’un certain Gaétan L’Heureux devant les
tribunaux[121],
alors que le mois suivant il enquêtait avec Lawrence Buckley sur une affaire
impliquant le vol de huit robes.[122]
En décembre,
c’est encore en compagnie de Buckley qu’il eut à enquêter sur les circonstances
entourant la mort de Daniel Desmarais, un enfant de 8 ans, qui « a perdu
tragiquement la vie […] lorsqu’il fut heurté par une locomotive d’un convoi de
passagers, sur le côté Est du tunnel Lavérendrye. Au dire de témoins de
l’accident, le jeune homme jouait en bordure de la voie ferrée lorsqu’il fut
happé par le mastodonte. Il fut projeté dans les airs et retomba dans la cour
du garage Turcotte Auto Parts, à une trentaine de pieds plus loin. […] Le
nouveau coroner du district de Trois-Rivières, Me Jean Girouard, a conclu à un
simple cas de recherche. »[123]
Ce qui est
intéressant dans cette affaire, c’est que nous pouvons recroiser l’information
avec un document conservé aux archives dans le fonds des enquêtes de coroner. …
voir document…
Par la suite, il
semble que Dupont ait été passablement occupé pour la période des Fêtes. En
effet, du 23 au 30 décembre 1965, son nom est cité dans au moins trois articles
du Le Nouvelliste. Dans un premier temps, on faisait état d’un
vol avec violence commis « à l’épicerie de Mlle Léona Veillette, 1890 rue
St-Philippe […]. »[124]
La propriété avait été menottée, ainsi qu’une amie, avant que les voleurs
prennent la fuite avec une somme estimée à $30. L’auteur anonyme de cet article
précisa que les premiers policiers arrivés sur les lieux étaient Guy Gervais et
Marcel Chauvette, suivis des détectives Guy Poisson et Paul Dallaire. Par la
suite, l’enquête a cependant été confiée à Dupont et Buckley.
Quelques jours
plus tard, Dupont s’est vu confier une enquête sur le vol d’un dictaphone
commis dans une voiture de la rue Bourjoly, mais aussi d’une enquête sur un vol
commis chez un dénommé Alfred Veillette de la rue Saint-Georges. Dans ce
dernier cas, l’individu, en état d’ivresse, avait été arrêté en flagrant délit
par les policiers Marcel Chauvette et Wilfrid Piché.[125]
Et enfin, peu
avant le Jour de l’an, Dupont et Buckley ont enquêté sur le vol d’une batterie
de voiture commis dans le stationnement de l’hôpital Sainte-Marie.[126]
1966
En décembre 1966,
un autre texte publié dans la section C’est
un secret de polichinelle apporte une information inattendue :
« Les patients de l’hôpital Sainte-Marie de Trois-Rivières sont traités
« aux petits oignons », à cette institution qui tente de rendre le
plus agréable possible le séjour des malades. Le sergent-détective
Louis-Georges Dupont, de la Sûreté municipale de Trois-Rivières, en a vécu
l’expérience lui-même, ayant été hospitalisé du 17 novembre au 6 décembre
dernier. « Le service est parfait et l’ambiance, formidable », nous
apprenait-il. »[127]
Bien que ce texte
soit d’une pauvreté certaine, il nous apprend une information qui n’a pas été
présenté lors de la Commission de 1996. En effet, personne n’a mentionné qu’il
avait été hospitalisé durant quelques semaines à la fin de l’année 1966.
1967
1968
Dans Le Nouvelliste du 23 juillet 1968, un
article de Jean-Marc Beaudoin annonçait la découverte du corps d’un homme
« noyé » et repêché dans un convoyeur de l’usine de pâtes et papiers
Wayagamack. Il précisait que « Selon le sergent-détective Louis-Georges
Dupont, de la Sûreté municipale, l’immersion remonterait à quelques semaines
seulement, car le corps est partiellement en état de décomposition ».[128]
Il est presque ironique de voir Dupont, un peu plus d’un an avant sa propre mort,
se prononcer sur un élément qui causa litige dans la cause que ses enfants et
sa veuve porteraient plus tard devant les tribunaux, à savoir la datation d’un
décès.
Le 26 juillet
1968, Jean-Marc Beaudoin est revenu sur l’affaire du noyé, soulignant :
« Après un examen du corps par le docteur Cossette, coroner du district de
St-Maurice, ce dernier et le détective Dupont en ont conclu que l’individu
devait être âgé d’environ 25 à 35 ans, mesurait approximativement 5 pieds et 6
pouces, pesait de 140 à 145 livres, a les cheveux bruns foncés et n’ayant
aucune dent. »[129]
Dupont était alors à la recherche d’un témoin et d’un canot abandonné. Beaudoin
terminait son article par ces quelques phrases : « Le
sergent-détective Dupont accompagné de M. Normand Rouette du service d’identité
de la Sûreté municipale, se rendront à Montréal ce matin rencontrer M.
Jean-Marie Russel [Roussel], directeur de l’Institut médico-légal et de la
morgue, où une autopsie complète du corps est pratiquée en vue de définir les
causes du décès. »[130]
Dans Le Nouvelliste du 30 novembre 1968, deux
policiers, Roland Vadeboncoeur et Luc Beaudry, arrêtaient trois individus
« à bord d’une vieille voiture, à proximité du pont Duplessis, quelques
minutes après un cambriolage à la pharmacie Pasteur, rue Ste-Julie. »[131]
Les trois suspects étaient Richard Lamare, 24 ans, Jean Gauthier, 23 ans, et
Normand Coulombe, 24 ans. « Le sergent Louis-Georges Dupont et le
lieutenant-détective Jean-Marie Hubert, de la Sûreté municipale de
Trois-Rivières, font enquête dans cette affaire. »[132]
L’éclatement
du scandale de la prostitution
C’est le 17
décembre 1968, peu de temps après que la nouvelle ait fait sa sortie publique
dans « un article d’un journal de fin de semaine publié à Montréal »[133],
que le scandale éclata dans les pages du quotidien de la Mauricie. Le
journaliste Jacques Ebacher souligna que c’est l’échevin Benoit Giguère qui
avait amené le sujet lors de la séance du conseil de ville « Alors que
l’on discutait de cet article et de la prostitution, l’échevin Léo Pidgeon a
affirmé qu’il « y a un endroit en ville où à 6 hres du matin, il y a plus
de monde qu’à la messe ». C’est l’échevin Fernand Colbert qui a eu les
paroles les plus énergiques en parlant de la prostitution. Sans mentionner de
qui il parlait, il a déclaré que pour combattre la prostitution, « il n’y
a qu’un moyen, c’est de faire le ménage, qu’on les mette dehors. C’est à nous
de prendre nos responsabilités. » L’échevin Giguère a tout simplement
demandé « Oui, mais quand[?] ». On a alors mentionné qu’une rencontre
était prévue pour le milieu du mois de janvier avec la police, mais il est fort
possible que la date soit avancée. Pour sa part, l’échevin Léo Pidgeon a
suggéré de « faire le ménage le plus vite possible, même avant les Fêtes
si on peut le faire ». L’échevin Giguère avait découpé l’article du
journal tandis que l’échevin Pidgeon avait fait polycopier le dit article. Dans
cet article, on affirme que la prostitution est acceptée et bien protégée à
Trois-Rivières, mais ce n’est pas l’impression qu’ont laissé les membres du
conseil en prenant connaissance de la nouvelle. On ajoute dans l’article que
« la prostitution avait atteint des proportions alarmantes dans cette
municipalité et qu’elle jouissait d’une tolérance inouïe, tolérance qu’on ne
retrouve dans aucune autre municipalité du Québec. « A ce sujet, une
personne nous a dit que la situation n’est pas pire à Trois-Rivières
qu’ailleurs. » »[134]
Il ne nous a pas
été possible d’identifier le journal à l’origine de la publication du scandale.[135]
On pourrait toutefois douter de la crédibilité de cette information puisque la
nouvelle n’a pas été reprise par les grands quotidiens.
Malgré cela, le 18 décembre, Le Nouvelliste apprenait à ses lecteurs que le maire René Matteau
se refusait à tout commentaire. Dans un second article sur le sujet, on lisait
que « Le directeur de la police municipale, M. J.-Amédée Delage, a
déclaré, hier, que la prostitution n’a jamais été tolérée à Trois-Rivières et
que les détectives de la Sûreté municipale l’ont toujours combattue et qu’ils
continueront de la combattre. »[136]
En dépit de cette
première déclaration, qui semble établir la position du directeur sous le signe
de la négation, la suite de l’article nous apprend que Delage a nuancé ses
propos. En effet, « Il a affirmé que la prostitution est un vice social
qui existe depuis très longtemps à Trois-Rivières, comme il existe dans la
plupart des villes de quelque importance et à différentes échelles. Il a
expliqué que, malgré tous les efforts faits dans le but d’éliminer la
prostitution de la société trifluvienne, ce mal existe toujours, même s’il
connaît ses hauts et ses bas de mois en mois, d’année en année. Il a même
révélé le fait que les différents lieux où la prostitution se pratique sont
constamment surveillés. »[137]
On soulignait
également que « des policiers vêtus en civil » s’occupaient de
contrôler la prostitution. C’est dire à quel point les journalistes n’étaient
pas encore familiers avec le terme d’escouade de la moralité, comme ce serait
le cas par la suite. Outre ces détails, le directeur Delage se plaignait d’un
manque d’effectifs. « Les limiers de la Sûreté municipale sont souvent si
occupés à combattre la prostitution qu'il leur faut recourir aux services de
policiers qui ont instruction de se vêtir en civil et chargés de surveiller
certains lieux de prostitution. »
Non seulement
ce propos contredit le fait que Delage venait tout juste de minimiser le
problème, mais on laissait entendre que plusieurs détectives avaient travaillé
à l’escouade de la moralité. Dupont faisait-il partie du lot?
Delage s’est
servi de l’exemple de Montréal pour défendre sa position, faisant remarquer que
la métropole avait mis 17 ans à reconnaître qu’elle avait un problème de
prostitution. Il ajouta que les policiers de Trois-Rivières s’efforçaient
d’éviter que des souteneurs montréalais viennent s’installer dans la ville de
Laviolette. « Le capitaine Georges Gagnon, en charge de la Sûreté
municipale, a appuyé les dires du directeur. Il a démontré que 52 prostituées
venues de Montréal ont été mises aux arrêts au cours de l’année 1968 à
Trois-Rivières et qu’elles ont été renvoyées dans la Métropole après avoir été
traduites devant les tribunaux. »[138]
« Le fait
que 52 prostituées venues de l’extérieur aient été mises aux arrêts par les
limiers prouve que ces policiers qui forment l’équipe de la Sûreté municipale
font un beau travail sous la direction du capitaine George[s] Gagnon et que
certaines de leurs enquêtes sont même menées avec l’intelligence et la
subtilité de Sherlock Holmes. »[139]
En dépit de
ce commentaire admiratif, le journaliste se reprit un peu plus loin en
présentant une logique selon laquelle « Il ne faut pas oublier, non plus,
que Trois-Rivières n’est qu’une ville d’un peu plus de 60,000 habitants, donc
pas suffisamment populeuse pour permettre l’organisation de grands réseaux de
prostitution et de call-girls, comme ceux qui existent à Montréal et à Québec.
Il faut dire, aussi, que la prostitution est un vice vieux comme l’humanité et
que ce vice apparaît immanquablement là où se trouvent des hommes et des femmes
en assez grand nombre. Il ne sert à rien de chercher à faire disparaître
complètement la prostitution; c’est chose impossible. Il suffit de faire en
sorte de l’empêcher de se développer et de devenir un véritable mal
social. »[140]
Le 23
décembre 1968, un article de Jean-Paul Arsenault mentionna que des individus
avaient causé pour 5 000$ de dommages en plus de voler 700$ chez un
distributeur de la brasserie Dow à Trois-Rivières. Le journaliste a visité la
scène en compagnie des détectives Hubert et Poisson, à qui on avait confié
l’enquête.
1969
Le 20 mars 1969, Le Nouvelliste sortait la nouvelle sous
le titre : « M. Gaston Vallières relève le défi : Si une enquête sur
la prostitution prouve que j’ai tort, je démissionnerai. »[141]
C’est lors de
son passage dans les bureaux du Le
Nouvelliste que Vallières avait lancé ce défi. « Le conseiller Gaston
Vallières a mis MM. Herman Thibeault et Gaston Laliberté au défi de nier
publiquement ses déclarations et de le dire qu’il ne [se] passe rien d’anormal
à la section des détectives, concernant la prostitution. […] On sait que
MM. Thibeault et Laliberté, respectivement président et secrétaire de
l’Association des policiers et pompiers de Trois-Rivières ont sommé M.
Vallières de donner des noms avec preuve à l’appui des membres de la Sûreté
municipale qui vivraient des fruits de la prostitution. »[142]
De plus,
Vallières aurait confié au journaliste Ebacher que « malgré que je sois en
convalescence et en dépit des menaces et du chantage, je continuerai à faire
mon devoir jusqu’au bout. Je suis très touché de l’immense vague d’appui que je
reçois de la population honnête et bien pensante. »[143]
Cette crise
provenait de la séance du conseil de ville tenu dans la soirée du 19 mars. La
situation paraissait suffisamment importante pour parler de « réunion
spéciale ».
Le 22 mars
1969, on apprit que « Le conseiller Gaston Vallières a reçu huit mises en
demeure d’autant de membres de la Sûreté municipale de Trois-Rivières, de [se]
rétracter dans les trois jours de la signification du présent avis, les propos
diffamatoires que vous avez tenus à mon endroit à maintes reprises ces jours
derniers, selon les lettres envoyées sans préjudice par Me Guy Lebrun. Chaque
mise en demeure est identique, à l’exception du nom qui change, selon le
plaignant. »[144]
Ces
plaignants étaient les sergents-détectives Fernand Thibeault, Fernand Gendron,
Paul Dallaire, Lawrence Buckley, Clément Massicotte, Guy Poisson et
Louis-Georges Dupont, ainsi que le lieutenant-détective Jean-Marie Hubert. Le
contenu de cette mise en demeure fut publié ainsi dans Le Nouvelliste :
Monsieur,
Je
reçois instruction de Monsieur (nom du plaignant), sergent à l’emploi de la
cité de Trois-Rivières, de vous mettre en demeure de rétracter dans les trois
jours la signification du présent avis, les propos diffamatoires que vous avez
tenus à mon endroit à maintes reprises ces jours derniers.
Les
dits propos ont été rapportés plus particulièrement mais non limitativement
dans les éditions du 18, 19 et 20 mars dernier du quotidien Le Nouvelliste et
ce en première page, et également dans la première page de l’édition du 18 mars
du quotidien La Presse. Les postes de radio locaux ainsi que la télévision
locale ont également accordé à vos propos, une importance de premier ordre.
Mon
client se considère donc gravement lésé dans sa réputation personnelle et à
défaut par vous de rétracter dans le délai ci-dessus mentionné les dits propos
diffamatoires, je prendrai contre vous les procédures que la loi autorise en
pareil cas.
Cet
avis est final et veuillez vous gouverner en conséquence.
Bien
à vous
Guy
Lebrun, avocat.[145]
Les
circonstances de cette réaction des détectives aux propos que Vallières avaient
étalés publiquement n’ont jamais été présentées lors des enquêtes de 1995 et
1996. Pourtant, ils rejoignent directement le fait que cela démontre,
premièrement, que Dupont appuyait ses collègues, en plus du fait que cela
rejoint les détails rapportés par plus d’un témoin à l’effet qu’il s’était
senti affecté par la mauvaise réputation qu’on tentait de faire à l’image de la
police.
De plus,
cette situation tend à suggérer également que si Dupont supportait encore ses collègues
en date du 22 mars 1969, tandis que le scandale sur la prostitution était mis
au jour depuis décembre 1968, qu’il n’était sans doute pas en désaccord ni en
dispute avec son ami Hubert.
Il semble que
Vallières ait refusé de se rétracter puisque le mois suivant la plume de Bernard
Champoux stipula que les huit détectives intentaient finalement une poursuite
en dommages de 120 000$ au conseiller Vallières « pour les propos
présumémment diffamatoires que celui-ci aurait tenus le 17 mars dernier, à
l’issue d’une séance de négociations avec l’Association des policiers et
pompiers de Trois-Rivières. Les procédures ont été entamées par l’avocat Guy
Lebrun du Cap-de-la-Madeleine, au nom des détectives Jean-Marie Hubert,
Louis-Georges Dupont, Paul Dallaire, Clément Massicotte, Fernand Gendron,
Lawrence Buckley, Fernand Thibeault et Guy Poisson. Chacun d’eux réclame
$15,000 pour dommages à la réputation personnelle et professionnelle et pour
indemnité résultant des humiliations subies et à subir. »[146]
Pendant ce temps,
puisque le travail policier ne s’arrêtait pas pour autant, Dupont et Poisson enquêtèrent
sur des voleurs qui s’étaient servi d’explosifs pour percer un coffre-fort du
Club de courses Laviolette afin de s’emparer de 39 000. « Les limiers
de la Sûreté municipale de Trois-Rivières croient que le vol a été commis par
des experts dans le cambriolage des coffres-forts venus de l’extérieur. »[147]
Champoux
soulignait aussi « que le conseiller Vallières avait manifesté sa
non-confiance dans la Sûreté municipale en déclarant que la prostitution
fleurissait à Trois-Rivières et qu’elle était supportée par certaines personnes
de ce service. […] M. Gaston Vallières a toujours refusé de donner les noms de
ceux qui auraient eu selon lui une conduite répréhensible dans la Sûreté
municipale si ce n’est pour le capitaine-détective Georges Gagnon dont il
attesta l’intégrité et la compétence. […] On sait maintenant la suite de toute
cette histoire : le conseil de ville a adopté une résolution réclamant la
tenue d’une enquête sur le service de police de Trois-Rivières à la Commission
de police du Québec. La réponse à cette requête officielle est encore attendue. »[148]
Le fait de
replacer ces événements en ordre pourrait nous éclairer sur la possibilité que
cette demande d’enquête ait été initiée afin de gérer la crise lancée par
Vallières.
La Commission
d’enquête de 1996 a tenté d’établir le plus précisément possible les allers et
venues de Dupont avant sa mort. Pour la part, les journaux semblent nous
indiquer que, pour la période située avant le début de l’enquête de la CPQ, la
dernière mention relative à son travail de détective a été publié le 27 mai
1969 pour souligner qu’il enquêtait sur un vol de vêtements réalisé au magasin
Renommé de Louis Glassman, ce qui aurait rapporté à ses auteurs la somme de
25,000$.[149]
Réflexions :
Comme ce fut le
cas pour la période de 1969 à 1995, cette autre revue de presse permet de
contextualiser plusieurs points.
Parmi les
éléments les plus étonnants, on retrouve sans doute le fait que Dupont ait
donné son appui à ses collègues face aux attaques publiques de Gaston
Vallières. Puis on retrouve ensuite l’utilisation du surnom Jack L’Espagnol,
qui n’est pas complètement étranger au fait que les membres de sa propre
famille le surnommait Jack.[150]
Évidemment, cette
revue de presse ne nous permets pas de nous infiltrer dans le détail de chacune
de ces enquêtes qu’on retrouve dans Le
Nouvelliste, quoiqu’il est possible de recroiser certaines informations par
le fonds des coroners, mais il est peut-être permis d’entrevoir certaines
lignes de pensée. Par exemple, on constate que la grande majorité des enquêtes
confiées à Dupont au cours des années 1960, c’est-à-dire au cours de la période
qu’il travaillait comme détective, n’ont pas été d’une importance aussi grande que
certaines affirmations ont pu le laisser croire lors des témoignages entendus
en 1996. Bref, il faisait tout bonnement le travail d’un détective municipal de
son époque.
Il ne semble pas
avoir été en contact avec les plus dangereux criminels de cette époque, comme
cela aurait pu être le cas par exemple pour un détective évoluant dans le
milieu du crime organisé, des homicides ou de la drogue. D’ailleurs, les
affirmations à propos desquelles il aurait eu peur ou aurait été menacé en
raison du métier qu’il exerçait n’ont rien d’extraordinaire pour le quotidien
d’un détective assigné aux enquêtes criminelles. Cela nous amène d’ailleurs à
voir que les enquêtes pour homicides commis à Trois-Rivières durant la période
où Dupont occupait la fonction de sergent-détective ont pour la plupart été
confiés à la Sûreté du Québec. On aurait même tendance à en déduire que pour
des enquêtes plus complexes ou plus importantes, comme celle de Laterreur qui
avait conduit à l’une des rares condamnations à mort prononcée dans le district
de Trois-Rivières, la SQ s’est occupé de diriger le dossier. À chaque fois, le
rôle de Dupont s’est avéré plutôt secondaire.
Pourquoi? Y
a-t-il seulement des conclusions à tirer de cette vision?
[1]
Selon les dires des Dupont recueillis entre 2011 et 2014.
[2] Eric Veillette, L’affaire Denise
Therrien, une affaire classée, Patrimoine judiciaire (Lanoraie (Québec):
Éditions de l’Apothéose, 2015). Pour en savoir davantage sur
le curé Leblanc, voir également https://historiquementlogique.com/2015/08/16/le-cure-gregoire-leblanc-temoigne-au-proces-dun-tueur-en-serie/
[3] La
belle-mère de Dupont avait le même nom de famille, mais il nous a été
impossible de trouver le moindre lien de parenté.
[4] « Funérailles de Mme H. Lamy »,
Le Nouvelliste, 9 août 1950.
[5] « Verdict de mort accidentelle dans
le cas de J.-P. Gendron », Le Nouvelliste, 25 avril 1953.
[6] « Magasin visité par les
voleurs », Le Nouvelliste, 25 octobre 1954.
[7] « Magasin visité par les
voleurs ».
[8] « Magasin visité par les
voleurs ».
[9] « Le détective E. Beaubien et la
pègre », Le Nouvelliste, 2 novembre 1957.
[10] Léon Lajoie, R. c. Fernand Labrecque
(Procès expéditif 20 mai 1947).
[11] Édouard Langlois, R. c. Paul Bouchard
(Procès expéditif 20 avril 1948).
[12] « Dans le Trois-Rivières
traditionnel de 1857 : la police », Le Nouvelliste, 2 novembre
1957.
[13] « Fillette de 8 ans assaillie à la
Terrasse; arrestation », Le Nouvelliste, 28 février 1958.
[14] « Un chauffard appréhendé », Le
Nouvelliste, 23 mai 1958, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[15] « Fugitif écroué après une chasse
mouvementée », Le Nouvelliste, 10 décembre 1958, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[16] « Deux vols par effraction », Le
Nouvelliste, 25 juillet 1958, Bibliothèque et Archives nationales du
Québec.
[17] J.-René Ferron, « Vols par
effraction à domicile éclaircis, Deux voleurs arrêtés après une chasse à
l’homme mouvementée », Le Nouvelliste, 23 janvier 1959,
Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[18] J.-René Ferron, « Vague de vols et
de vandalisme, Cinq établissements reçoivent la visite des cambrioleurs »,
Le Nouvelliste, 25 février 1959, Bibliothèque et Archives nationales du
Québec.
[19] Ferron.
[20] « Des voleurs s’emparent du
coffre-fort de la Northern », Le Nouvelliste, 4 juillet 1959,
Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[21] « Trois individus arrêtés à la suite
d’une chasse à l’homme ponctuée de coups de feux », Le Nouvelliste,
26 août 1959, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[22] « Trois individus arrêtés à la suite
d’une chasse à l’homme ponctuée de coups de feux ».
[23] « Appréhendé pour fraude et
défiguration de la monnaie », Le Nouvelliste, 26 août 1959,
Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[24] « Un homme écrasé à mort par un
camion à l’International Paper », Le Nouvelliste, 29 septembre
1959, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[25] « Arrestation à la suite d’un
accident », Le Nouvelliste, 9 novembre 1959, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[26] « Vol par effraction chez Provincial
Gas », Le Nouvelliste, 9 novembre 1959, Bibliothèque et Archives
nationales du Québec.
[27] « Un nouvel homme-mouche à
l’oeuvre », Le Nouvelliste, 5 décembre 1959, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[28] Pierre L. Desaulniers, « Vol de
$2,250, Audacieux hold-up à la Caisse Saint-Sacrement », Le Nouvelliste,
19 décembre 1959, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[29] Desaulniers.
[30] « École visitée par les
voleurs », Le Nouvelliste, 13 janvier 1960.
[31] « Arrestation des présumés auteurs
du vol chez Nadeau », Le Nouvelliste, 18 février 1960, Bibliothèque
et Archives nationales du Québec.
[32] « Aux Sessions de la Paix, Jugement
rendu le 3 mars dans la cause de Labranche », Le Nouvelliste, 27
février 1960, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[33] « Dupont », Le Nouvelliste,
5 mars 1960, sect. Nécrologie.
[34] Pierre L. Desaulniers, « Le présumé
assassin activement recherché, Meurtre dans une chambre d’hôtel », Le
Nouvelliste, 18 juin 1960, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[35] Desaulniers.
[36] Desaulniers.
[37] « Rixe nocturne au centre de la
ville, Un garagiste des Forges tombe sous les coups d’un fier-à-bras », Le
Nouvelliste, 25 juillet 1960, Bibliothèque et Archives nationales du
Québec.
[38] « Rixe nocturne au centre de la
ville, Un garagiste des Forges tombe sous les coups d’un fier-à-bras ».
[39] Pierre L. Desaulniers, « La rixe de
la rue Royale, Responsabilité criminelle imputée à René Laroche en marge du
décès de Desfossés », Le Nouvelliste, 26 juillet 1960, Bibliothèque
et Archives nationales du Québec.
[40] « Me Jules Provencher est nommé juge
municipal », Le Nouvelliste, 26 juillet 1960, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[41] Aimé Marchand, R. c. Andrew Day (Cour du
banc du Roi 1930).
Jean-Marie Bureau était l’avocat de Day, accusé de familicide : il avait
assassiné sa femme et ses sept enfants (tous des garçons) avec une hache avant
de tenter de s’enlever la vie en se tranchant la gorge. Le crime s’est produit
dans la maison louée par la famille Day sur la rue Laurier, à Trois-Rivières.
Day a finalement été déclaré inapte et il a pris le chemin des institutions
psychiatriques. Le crime de Day demeure le familicide le plus sanglant de toute
l’histoire judiciaire du Canada.
[42] Desaulniers, « La rixe de la rue
Royale, Responsabilité criminelle imputée à René Laroche en marge du décès de
Desfossés ».
[43] Pierre L. Desaulniers, « Après
treize minutes de délibérations aux Assises, Un jury acquitte René Laroche
d’une accusation d’homicide involontaire », Le Nouvelliste, 26
octobre 1960, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[44] « La Sûreté retrace rapidement
l’auteur d’un “hit and run” », Le Nouvelliste, 21 octobre 1960,
Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[45] Paul-Émile Guy, « Le conseil donne
suite aux recommandations du directeur Brunet, M. Jean-Marie Hubert dirigera la
Sûreté - Autres nominations », Le Nouvelliste, 21 juin 1961,
Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[46] Guy.
[47] Guy.
[48] « Le chef de la Sûreté municipale se
foule une cheville », Le Nouvelliste, 22 juin 1961, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[49]
Proulx était agent au Cap Bowling, situé au 748 St-Christophe, à
Trois-Rivières.
[50] « Que pensez-vous des réformes à la
Sûreté municipale? », Le Nouvelliste, 28 juin 1961, sect. L’Opinion
du passant, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[51] « Que pensez-vous des réformes à la
Sûreté municipale? »
[52] Louis Caron, « À la gare du
Pacifique Canadien, Un individu s’empare de $1,800 en chèques de voyage - On
l’arrête peu après à la Traverse », Le Nouvelliste, 11 juillet
1961, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[53] « Balle molle », Le
Nouvelliste, 12 juillet 1961, Bibliothèque et Archives nationales du
Québec.
[54] Louis Caron, « Malgré que
“l’épidémie” revienne à tous les ans, La Sûreté veut mettre fin aux vols de
bécanes », Le Nouvelliste, 20 juillet 1961, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[55] « Auto retracée au
Nouveau-Brunswick », Le Nouvelliste, 21 août 1961, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[56]
C’est la première mention selon laquelle le centre funéraire Philibert servait
de morgue. Auparavant, les articles de journaux faisaient référence à la morgue
Rousseau.
[57] Renald Savoie, « “J’ai tué ma
blonde”, dit Albert Grenier en se livrant à la police, Drame dans une mansarde,
rue Michel-Bégon », Le Nouvelliste, 8 septembre 1961.
[58] Savoie.
[59] Renald Savoie, « À l’enquête du
coroner, Albert Grenier est tenu criminellement responsable de la mort de Mme
Beaulieu », Le Nouvelliste, 9 septembre 1961, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[60] « Aux Sessions, Un jeune homme
condamné à trois ans de pénitencier », Le Nouvelliste, 1 février
1962, Revues et journaux québécois, Bureau du coroner du Québec.
[61] « Près de la Pointe-du-Lac, Le
coffre-fort de M. Richard retrouvé mais non les $5,500 », Le
Nouvelliste, 13 mars 1962, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[62] « Grâce au sergent-détective Dupont,
Marchandises volées dans une pharmacie retrouvées », Le Nouvelliste,
5 avril 1962, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales
du Québec.
[63] « Sur le Boulevard des Récollets,
Vol par effraction de $2,500 à la Pharmacie de Normanville », Le
Nouvelliste, 3 avril 1962, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[64] « Vol perpétré à la buanderie
Deluxe », Le Nouvelliste, 19 avril 1962, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[65] « Vol par effraction chez M. Jean
Hébert », Le Nouvelliste, 24 avril 1962, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[66] « La Sûreté enquête sur deux
vols », Le Nouvelliste, 3 août 1962, Revues et journaux québécois,
Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[67] « À bord d’un cargo suédois, Un
opérateur de radio tente de s’enlever la vie », Le Nouvelliste, 11
août 1962, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du
Québec.
[68] Pierre Courteau, « Congé de Noël
tragique, Rhéo Robert abattu d’une balle, Paul Gauvin détenu comme témoin
important », Le Nouvelliste, 27 décembre 1962, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[69] Pierre Courteau, « Gauvin tenu
criminellement responsable, Le jury du coroner ne délibère que deux
minutes », Le Nouvelliste, 28 décembre 1962, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[70] Courteau.
[71] Pierre Courteau, « Drame révoltant,
rue William, Un bandit abat M. René Mongrain après une tentative de
hold-up », Le Nouvelliste, 4 mars 1963, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[72] Courteau.
[73] Pierre Courteau, « Un suspect se
livre à la police, L’enquête des limiers pour éclaircir le meurtre de René
Mongrain ture à sa fin », Le Nouvelliste, 6 mars 1963, Bibliothèque
et Archives nationales du Québec.
[74] Courteau.
[75] « Par la voix du maire Mongrain, Le
sergent Aubuchon fait l’éloge des détectives », Le Nouvelliste, 14
mars 1963, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[76] « Dans un hangar des Ports
nationaux, Des vandales causent des dégâts évalués à $1,500 », Le
Nouvelliste, 17 avril 1963, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[77] Roger Laroche, R. c. Normand Laterreur,
District de Trois-Rivières (Cour du banc de la Reine 1963).
[78] « Vol d’un gros malaxeur à
ciment », Le Nouvelliste, 28 mars 1963, Revues et journaux,
Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[79] « Vol de $150 dans une
taverne », Le Nouvelliste, 27 juin 1963, Revues et journaux,
Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[80] « Un chauffeur de taxi vole $250 à
son propriétaire », Le Nouvelliste, 27 juin 1963, Revues et
journaux, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[81] « Présumé faussaire, Jean-Claude
Verret arrêté dans un hôtel du centre de la ville », Le Nouvelliste,
10 juillet 1963, Revues et journaux, Bibliothèque et Archives nationales du
Québec.
[82] « Mort naturelle », Le
Nouvelliste, 10 juillet 1963, Revues et journaux, Bibliothèque et Archives
nationales du Québec.
[83] « La remorque a bel et bien été
vidée de son contenu », Le Nouvelliste, 16 novembre 1963, Revues et
journaux, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[84] « Un membre de la sûreté
[...] », Le Nouvelliste, 27 juillet 1963, sect. C’est un secret de
polichinelle, Revues et journaux, Bibliothèque et Archives nationales du
Québec.
[85]
Accès (consulté le 27 septembre 2018) : http://cinememorial.com/film_1946_-_JACK_L'ESPAGNOL_22027.html
De plus, selon Télé-Radio-Monde,
l’horaire de la programmation télé le film aurait été diffusé en version
française au canal 10 un dimanche de juillet 1962 à 7h30 dans le cadre de
l’émission Ciné-spectacle.
[86] « Des malfaiteurs s’introduisent
dans une maison », Le Nouvelliste, 7 août 1963, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[87] « Un prévenu fera trente jours de
prison », Le Nouvelliste, 19 août 1963, Revues et journaux,
Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[88] « Le Dr Rosario Fontaine, Il s’agit
d’un crâne médical », Le Nouvelliste, 20 septembre 1963, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[89] « La Sûreté et la PP appréhendent
trois jeunes gens », Le Nouvelliste, 10 octobre 1963, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[90] Pierre Courteau, « Hold-up de $3,000
à l’hôtel St-Maurice », Le Nouvelliste, 15 octobre 1963, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[91] « Deux détectives trifluviens
enquêtent dans la métropole », Le Nouvelliste, 16 octobre 1963,
Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[92] « Au volant de son auto, M. J.-A.
Mondor meurt subitement », Le Nouvelliste, 17 octobre 1963, Revues
et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[93] « Un vol de $650 en marchandises
sans effraction! », Le Nouvelliste, 14 février 1964, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[94] « Les apaches étanchent leur soif!
Double vol commis à la faveur de la nuit dans un entrepôt et un magasin »,
Le Nouvelliste, 27 mars 1964, Revues et journaux québécois, Bibliothèque
et Archives nationales du Québec.
[95] « Le vieillard qui s’est jeté à
l’eau, M. Adélard Ménard est identifié par son fils », Le Nouvelliste,
9 avril 1964, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales
du Québec.
[96] « Pour avoir quêté, Quatre Québécois
comparaîtront en Cour municipale », Le Nouvelliste, 9 avril 1964,
Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[97] « Le corps d’un noyé repêché au quai
de la CIP », Le Nouvelliste, 10 juin 1964, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[98] « Le corps d’un noyé bientôt
identifié », Le Nouvelliste, 27 juin 1964, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[99] « Deux adolescents détenus en
rapport avec un vol d’auto », Le Nouvelliste, 4 juillet 1964,
Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[100]
« Un amateur de yachting se fait
voler son moteur », Le Nouvelliste, 4 juillet 1964, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[101]
« Nouveaux indices sur l’auteur du
hold-up », Le Nouvelliste, 22 juillet 1964, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[102]
« Un Américain se fait voler des
vêtements », Le Nouvelliste, 27 août 1964, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[103]
« Vols à l’étalage chez J.-L.
Fortin », Le Nouvelliste, 10 novembre 1964, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[104]
« Plusieurs parcomètres
défoncés », Le Nouvelliste, 10 décembre 1964, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[105]
« André Pichette connaîtra son sort
le 22 décembre », Le Nouvelliste, 14 décembre 1964, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[106]
« André Pichette connaîtra son sort
le 22 décembre ».
[107]
« La Sûreté fait enquête sur trois
vols », Le Nouvelliste, 23 décembre 1964, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[108]
« Un Sorelois se fait voler
$200 », Le Nouvelliste, 2 février 1965, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[109]
« Vague de méfaits et de vols à
travers la ville », Le Nouvelliste, 26 juin 1965, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[110]
« Vol d’une tente et d’articles de
camping », Le Nouvelliste, 22 juillet 1965, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[111]
« À l’île St-Christophe, Un enfant
de 10 à 12 ans tombe du pont et se noie », Le Nouvelliste, 4 août
1965, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du
Québec.
[112]
« Vol d’un moteur de yacht à la
Marina », Le Nouvelliste, 4 août 1965, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[113]
« Marin assailli, rue Des
Forges », Le Nouvelliste, 4 août 1965, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[114]
« La police rapporte un vol et une
tentative de vol », Le Nouvelliste, 24 août 1965, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[115]
« Terrassé par une crise cardiaque
en allant au travail », Le Nouvelliste, 17 septembre 1965,
Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[116]
« Par la Sûreté municipale, De
sévères sanctions prises en cas de méfaits publics », Le Nouvelliste,
24 septembre 1965, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives
nationales du Québec.
[117]
Michael Burman, « Un bambin de trois
ans a la tête broyée sous les roues du camion d’un laitier », Le
Nouvelliste, 27 septembre 1965, Revues et journaux québécois, Bibliothèque
et Archives nationales du Québec.
[118]
Burman.
[119]
« Il s’agirait de M. Roméo
Gendreault, Cadavre retrouvé dans une cour de la rue des Ursulines », Le
Nouvelliste, 5 octobre 1965, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[120]
« Il s’agirait de M. Roméo
Gendreault, Cadavre retrouvé dans une cour de la rue des Ursulines ».
[121]
« Tentative de vol par effraction,
Gaétan L’Heureux recevra sa sentence le quatorze octobre », Le
Nouvelliste, 8 octobre 1965, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[122]
« Qui a dérobé les huit robes de
Mlle Martin? », Le Nouvelliste, 25 novembre 1965, sect. Deuxième,
Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[123]
Michael Burman, « À la traverse du
tunnel Lavérandrye, Garçonnet tué par un train », Le Nouvelliste,
16 décembre 1965, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives
nationales du Québec.
[124]
« Vol avec violence, Dames menottées
et dépouillées de $30 », Le Nouvelliste, 23 décembre 1965, Revues
et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[125]
« Vols, délit de fuite, garçon
blessé, voies de fait, etc., Six personnes blessées dans une collision de deux
autos », Le Nouvelliste, 28 décembre 1965, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[126]
« Vol astucieux d’une batterie
d’automobile », Le Nouvelliste, 30 décembre 1965, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[127]
« Les patients de l’hôpital
Sainte-Marie ... », Le Nouvelliste, 22 décembre 1966, sect. C’est
un secret de polichinelle, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[128]
Jean-Marc Beaudoin, « À la
Wayagamack, Le corps d’un noyé est découvert dans un convoyeur à
billots », Le Nouvelliste, 23 juillet 1968, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[129]
Jean-Marc Beaudoin, « L’enquête du
détective Louis-Georges Dupont progresse, La Sûreté a bon espoir maintenant
d’identifier le noyé », Le Nouvelliste, 26 juillet 1968, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[130]
Beaudoin.
[131]
« Les agents Vadeboncoeur et Beaudry
capturent un Trifluvien et deux Montréalais soupçonnés de vols », Le
Nouvelliste, 30 novembre 1968, Revues et journaux québécois, Bibliothèque
et Archives nationales du Québec.
[132]
« Les agents Vadeboncoeur et Beaudry
capturent un Trifluvien et deux Montréalais soupçonnés de vols ».
[133]
Jacques Ebacher, « “Il faut faire le
ménage” clame Colbert, Le conseil part en guerre contre la prostitution »,
Le Nouvelliste, 17 décembre 1968.
[134]
Ebacher.
[135]
Nous avons vérifié dans Allô Police, Photo-Police, Montréal Matin et Dimanche
Matin, mais sans succès.
[136]
Robert Lebeuf, « La prostitution n’a
jamais été tolérée - Delage », Le Nouvelliste, 18 décembre 1968.
[137]
Lebeuf.
[138]
Lebeuf.
[139]
Lebeuf.
[140]
Lebeuf.
[141]
Jacques Ebacher, « M. Gaston
Vallières relève le défi, Si une enquête sur la prostitution prouve que j’ai
tort, je démissionnerai », Le Nouvelliste, 20 mars 1969, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[142] Ebacher.
[143] Ebacher.
[144] Jacques Ebacher, « Il est sommé de se rétracter dans les trois
jours, Huit détectives font parvenir des mises en demeure à Vallières », Le
Nouvelliste, 22 mars 1969, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[145]
Ebacher.
[146]
Bernard Champoux, « Actions en
dommages de $120,000 intentées contre le conseiller Vallières », Le
Nouvelliste, 18 avril 1969, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[147]
« Le vol de $39,000 au Club de
Courses éclairci? », Le Nouvelliste, 14 mai 1969, 000, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[148]
Champoux, « Actions en dommages de
$120,000 intentées contre le conseiller Vallières ».
[149]
Jean-Paul Arsenault, « Montréalais
envoyé à son procès », Le Nouvelliste, 27 mai 1969, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[150]
Céline Lacerte-Lamontagne, Témoignage de
Jeanne d’Arc Lamy Dupont (Commission d’enquête sur les circonstances entourant
la disparition et le décès de M. Louis-Georges Dupont 17 juin 1996).
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